Par ce titre de critique, je fais référence au titre original The Far country qui emmène les personnages de cette histoire loin des paysages américains habituels des westerns, dans des contrées aux arpents de neige qu'on appelait alors le Grand Nord au temps de la ruée vers l'or, autrement dit l'Alaska et le Canada.
Quatrième des 5 westerns que James Stewart et Anthony Mann ont tourné ensemble, leur collaboration apparait ici comme un modèle d'harmonie, où les rapports des personnages entre eux et avec la nature grandiose et sauvage sont parfaitement observés. C'est le reflet haut en couleurs d'une population cosmopolite et bigarrée qui vit dans ces contrées retirées au rythme des troupeaux ou de la fièvre de l'or.
La mise en scène d'Anthony Mann atteint encore une fois cette rigueur qui lui permet d'intégrer ses personnages aux décors et à la nature qui les entoure. La brutalité n'exclut ni le charme ni l'humour, on passe d'une scène dramatique à une scène gaie, avec de temps à autre une bonne bagarre comme il en faut dans tout bon western, et quelques scènes d'action bien réalisées. Autour de James Stewart égal à lui-même, on apprécie toujours autant le jeu savoureux de Walter Brennan, le forban roublard incarné par John McIntyre et le personnage de femme moderne joué par Ruth Roman.
Ce western n'atteint pas les sommets (sans mauvais jeu de mots) de Winchester 73 ou des Affameurs, et c'est celui des westerns de Mann et Stewart que j'aime le moins, mais il n'en reste pas moins un film exemplaire de son réalisateur.