Je suis une légende par Gewurztraminer
Originellement un projet du studio de la Hammer finalement tourné en Italie avec des fonds américains, le film se pose en représentant de séries B s'aventurant dans une veine fantastique angoissée. Vincent Prince y incarne le dernier humain plongé dans un monde contaminé par un mystérieux virus transformant tout être en vampire-zombie. On trouvera une certaine puissance à cette adaptation du roman de Richard Matheson, formant dans son ensemble un arc désespéré posant un regard froid sur l'humanité. Aussi, c'est surtout dans ses visions macabres que le film garde encore sa force évocatrice, à l'image de ses rues désertes jonchées de cadavres qu'un Sisyphe des temps modernes parcours inlassablement, collectant et incinérant les corps inertes, et aménageant sa retraite, une demeure barricadée prise d'assaut nuit après nuit . Une routine vaine et absurde qui trace les sillons d'une fuite en avant aux échos existentialistes, où l'oubli de soi est aussi le dernier rempart contre le suicide. Reste que le film accuse une lourdeur certaine dans son déploiement, à l'image d'un score trop présent, d'une psychologie très sommaire ou encore d'une narration pataude usant de flashback bien inutiles. Un manque d'émotions, de nuances et de fulgurances à l'image d'une mise en scène quelconque échouant à prolonger l' étrange entame atmosphérique et mettre en perspective un potentiel allégorique et poétique qui ne surgit que trop épisodiquement.
(et non mr SC, 5 n'est pas une critique négative :p)