Je suis vivant ! n’est pas un giallo. Pas l’ombre d’un tueur en série, pas une trace de meurtre chorégraphié à l’arme blanche, pas d’accessoire ou de vêtement en cuir, pas de trauma, pas de révélation finale. Tout est montré du point de vue du personnage central qui fouille sa mémoire, laquelle demeure très ordonnée. Peu de mystères de ce fait, pas de caméra subjective pour s’immerger dans la tête d’un assassin ou d’un dégénéré. Rien de tout cela. Un soupçon d’érotisme, certes, une forme d’aliénation d’accord, mais rien des thèmes habituels du genre. Tout au plus pourrait-on espérer un giallo qui explore de nouvelles pistes mais, honnêtement, ce n’est pas franchement le cas. On ne retrouve jamais l’atmosphère si particulière du genre et on s’y ennuie ferme. S’il est souvent languissant, le giallo n’est, malgré tout, jamais totalement léthargique comme ici. Car quel ennui que ce film !
L’enquête menée par le personnage principal n’est jamais palpitante. Ce comprend des choses au fur et à mesure de sa démarche mais n’est jamais confronté à des situations tendues créant le suspense. Pas de course-poursuite ou de filature ou de révélation fracassante. Pas d’enquête véritable pour découvrir des femmes ayant disparu dans un passé récent au même titre que sa jeune maîtresse. Le film déroule son récit à un rythme tristement monotone et ce qu’il dévoile manque cruellement de clarté. Qui fait quoi ? Pourquoi ? Autant de questions simples qui restent plus ou moins sans réponses ou qui sont balayées dans une explication pour le moins nébuleuse. Le personnage principal, par ailleurs, fait lui aussi n’importe quoi. Quelques jours après avoir perdu l’amour de sa vie, il retombe dans les bras de son ancienne maîtresse. Que dire dès lors de son entêtement à la rechercher ?
Voilà une immense déception pour ce film auquel je n’ai vraiment pas du tout accroché et qui ne présente que peu d’intérêts pour l’amateur de giallos traditionnels. On pourra toujours mettre en avant l’aspect onirique de l’ensemble, l’originalité d’un récit à rebours mais à la conclusion totalement attendue et vanter son atmosphère étrange, on est loin des réussites de ce type de récits. Et puis moi, quand je regarde un giallo, je veux du sang, je veux du cuir et je veux tomber de ma chaise quand je découvre l’identité de l’assassin. Or ces trois éléments essentiels du genre sont ici aux abonnés absents. En conséquence, moi aussi…