La communauté LGBT à l'heure de la dictature militaire de Pinochet

C’est une réalisation de Rodrigo Sepúlveda qui a adapté le roman de l’écrivain et artiste LGBT chilien Pedro Lemebel (1952-2015).


Je tremble ô Matador s’inscrit dans un contexte bien particulier. En effet, il se passe durant la période la plus sombre de l’histoire du Chili, la dictature du général à Augusto Pinochet. Si ce point est primordial c’est pour plusieurs raisons. Tout d’abord la répression active qu’il y avait à l’époque et donc forcément la résistance face à celle-ci. Le régime militaire n’était pas tendre avec les gens étiqueté socialistes ou communiste. De plus il y avait une vraie haine des personnes de la communauté LGBT. Celles-ci devaient se cacher. Elles étaient moquées, voir frappées, torturées, ou même exécutées. Tout cela de la part des militaires qui étaient les représentants du régime.


C’est donc en connaissant tout cet environnement que l’on peut comprendre la force de ce film. Chaque acte que va faire la Loca del Frente peut-être perçu comme militant. Elle ne cache pas sa volonté d’être une femme à une époque où les mentalités n’étaient pas ouvertes. C’est donc très symbolique tout ce que l’on voit. Il faut aussi se rendre compte de la dangerosité de l’afficher publiquement. A travers des dialogues, on sent que le problème ne s’arrête pas seulement à la dictature mais plutôt à l’état d’esprit général du pays. Même sous la présidence de Salvador Allende, la communauté LGBT n’avait pas leur place.


Ce sont ces échanges qui vont donner toute la beauté à ce drame. Il n’y a pas de complexité futile. Tout le monde parle avec son cœur et cela se ressent. On est touché par la situation difficile que vit la Loca del Frente. Il y a un mélange de courage et de fierté d’assumer son être. Pour autant, on voit tout de même un désespoir face à cette société qui est sans arrêt dans le rejet. La volonté de combattre la dictature semble être moins forte que le refus de donner une place à la communauté LGBT. Toutes ces émotions sont sublimes par une bande originale très belle à travers notamment la chanson Tengo miedo torero de Lola Flores.



Vous pouvez dire la même chose de l’acteur principal Alfredo Castro. Ce dernier interprète avec brio son personnage. Ce chilien a un talent incommensurable. On a déjà pu le voir cette année dans Karnawal ou Algunas bestias. Les personnages l’entourant vont surtout servir à le mettre en valeur, notamment le mexicain Leonardo Ortizgris.

DoisJeLeVoir
8
Écrit par

Créée

le 12 juin 2022

Critique lue 48 fois

DoisJeLeVoir

Écrit par

Critique lue 48 fois

D'autres avis sur Je tremble, ô Matador

Je tremble, ô Matador
limma
6

Critique de Je tremble, ô Matador par limma

Il n'est jamais trop tard pour faire du cinéma. Alfredo Casto débute en 2006 à 50 ans, dans les films de Pablo Larraín dont Tony Manero et Santiago 73 qui placent déjà leurs histoires sous fond de...

le 6 févr. 2023

4 j'aime

3

Je tremble, ô Matador
Cinephile-doux
7

Le travesti et l'activiste

L’origine de Je tremble, ô Matador, de Rodrigo Sepulveda, se trouve dans l’unique roman éponyme de l’écrivain et artiste LGBT chilien Pedro Lemebel, dont le titre fait référence à une célèbre chanson...

le 2 mai 2022

4 j'aime

Je tremble, ô Matador
al4_cine
9

Critique de Je tremble, ô Matador par al4_cine

Des personnages d'une tendresse rare, et des réflexions touchantes à propos de l'évolution de leur vision du monde, dans un contexte politique tendu (Chili au moment des attentats contre Pinochet)...

le 4 juil. 2022

1 j'aime

Du même critique

Monkey Man
DoisJeLeVoir
7

Le John Wick indien

Retour aux sources pour l'acteur britannique Dev Patel, qui ira en Inde sur la terre de ses ancêtres pour son premier film en tant que réalisateur. Si on peut être ravi qu'une grosse production aille...

le 21 avr. 2024

25 j'aime

Beetlejuice Beetlejuice
DoisJeLeVoir
8

Une suite Burtonienne

Trente-six ans après, Tim Burton a décidé de nous donner une suite au cultisme Beetlejuice. Habituellement, les seconds volets de film mémorables sont décevants. Cependant, Tim Burton ne rentre...

le 8 sept. 2024

14 j'aime

L'École du bout du monde
DoisJeLeVoir
9

Critique de L'École du bout du monde par DoisJeLeVoir

C’est la première réalisation de Pawo Choyning Dorji. Il en a aussi écrit le scénario. L'école du bout du monde a été nommé à l’Oscar du Meilleur film international. Les pays à travers le Monde ont...

le 16 mai 2022

13 j'aime