25.01.2010 :


Première partie convaincante dans sa mise en scène de la dépression amoureuse avec des partis pris dramatiques passant par un geste quotidien détaché de son sens et qui rappellent en cela "Jeanne Dielman".


Cinéma du Je sans être indécent malgré une nudité quasi permanente mais qui, étrangement, ne livre pas grand chose non plus de soi surtout dans ses deuxième et troixième parties: une virée silencieuse puis une discussion avec un acteur/camionneur (Il me semble que c'est une erreur d'avoir pris Arestrup, voire même un acteur professionnel...) et une scène d'amour filmée presque en continu.


Un film sur le désordre affectif tout de même et la perte d'une forme de protection, la découverte de la solitude, un film détaché aussi car sans doute trop timide émotivement, une timidité qui se cache paradoxalement derrière la nudité, parfois belle comme le silence, mais à qui la forme et des parti pris trop didactoriaux semblent avoir coupé les ailes.


Revu en salle 04.03.2016 :


Copie restaurée.
Partie "Je Tu" : Fondus avant noir total, qu'on pourrait appeler fondus fins de jour, devenant le compte des jours qui passent. Le sucre (que j'avais oublié), jusqu'à épuisement. Le rien faire, jusqu'à épuisement. La solitude, jusqu'à épuisement. (Antichambre de Jeanne D., anti, c'est-à-dire que la défense de Jeanne, c'est faire, et ce, à des heures précises, toujours la même chose. Ici, Akerman se laisse aller jusqu'à épuisement, comme une feuille morte, ballotée juste dans l'attente d'un désir. Pas de défense. La beauté du film vient d'ailleurs de Chantal Akerman, avec son visage quasi adolescent, (et son jeu en adéquation : voire la scène où elle demande à manger à Claire Wauthion.)
En résumé : Épuiser le temps, la dépression amoureuse, la solitude qui va avec, le désir, le papier, le sucre. Puis après le fondu quasi au noir, se donner à voir, s'exhiber pour rencontrer ne serait-ce qu'un regard, retrouver le monde.)
Partie "Elle" : Justesse du jeu de C. A., ce trémoussement devant la porte semi-ouverte avant d'entrer. Ce "Encore", ce "J'ai faim", "J'ai soif", ce sourire de satisfaction malicieuse d'avoir su faire gagner la tendresse de l'autre sur sa résolution, d'avoir gagné une nuit d'amour.

JM2LA
7
Écrit par

Créée

le 2 mars 2016

Critique lue 778 fois

4 j'aime

1 commentaire

JM2LA

Écrit par

Critique lue 778 fois

4
1

D'autres avis sur Je, tu, il, elle

Je, tu, il, elle
Moizi
6

D&CO, une semaine pour tout changer

Film pour le moins particulier (je n'avais ni reconnu la réalisatrice dans le rôle principal, ni Niels Arestrup), très intéressant, mais aussi, il faut bien le dire assez long, alors qu'il dure moins...

le 25 févr. 2015

5 j'aime

10

Je, tu, il, elle
JM2LA
7

Silences nus

25.01.2010 : Première partie convaincante dans sa mise en scène de la dépression amoureuse avec des partis pris dramatiques passant par un geste quotidien détaché de son sens et qui rappellent en...

le 2 mars 2016

4 j'aime

1

Je, tu, il, elle
stebbins
8

Dans la chambre de Chantal...

1974 : News from Chantal Akerman. Deux ans après avoir ausculté la topographie d'un lieu vierge de tout être humain avec le fascinant et conceptuel Hotel Monterey la jeune cinéaste belge investit...

le 14 déc. 2021

2 j'aime

Du même critique

Le ciel est à vous
JM2LA
10

Le plus pur chant du cinéma occupé

Revu récemment le 6 juillet 2011 sur écran d'ordinateur mais surtout le 18 et le 20 mai 2014, en salle. Toute la grandeur du film ne m'est apparue d'ailleurs que sur grand écran... en projection...

le 12 sept. 2015

12 j'aime

Le Plein de super
JM2LA
9

Critique de Le Plein de super par JM2LA

Film masculin au possible, proche de la grossièreté souvent et pourtant porté par la grâce du jeu... Cavalier réussit un pari unique, celui d'une collaboration étroite avec ses acteurs qui, si mes...

le 2 oct. 2015

11 j'aime

Le Fils de Joseph
JM2LA
9

La main de la comédie a retenu celle de la tragédie : miracle. Et le style a suivi la main.

La vraie comédie est-elle évangélique ? C'est ce que semble prouver (ou vouloir montrer) le Fils de Joseph. En quoi ? En résistant à l'appel du meurtre, du règlement de compte. Comment ? Au lieu de...

le 8 mars 2016

10 j'aime

1