"Je vais te manquer" constitue un pur défi au sens critique : la bonne midinette qui sommeille en nous trouvera toujours à s'émouvoir à bon compte devant le spectacle éternel de rencontres amoureuses fortuites et donc paraît-il "enchantées", et finira par se laisser prendre au jeu mille fois ressassé désormais du film choral qui joue sans guère de rigueur entre destin et hasard, pour ne pas risquer de mécontenter ou de frustrer qui que ce soit. Quelques beaux élans d'acteurs (Arditi bien sûr, Bouquet plus rarement, Lonsdale toujours) n'arrivent quand même pas à faire complètement oublier la mièvrerie sucrée et la fadeur de tout cela, et surtout l'inanité profonde d'un tel regard clicheteux sur "la vie". Le pire est néanmoins atteint quand le film se veut drôle et touche au grotesque involontaire (la partie sur la police). Et si l'on ne retenait de tout ce fatras qu'un seul plan, ce regard émerveillé et ravi d'un sans papiers devant l'Arc de Triomphe ? [Critique écrite en 2010]