Je vais te manquer par Julie_D
Le film choral est un style intéressant, une structure qui permet de multiplier les points de vue et facettes d'un même sujet de façon organique, sans que la construction ne devienne artificielle. En théorie. En pratique, il apparaît de plus en plus souvent comme une bonne excuse pour ne pas se fouler à écrire une véritable histoire, un truc de scénariste feignant qui préfère disposer cote à cote des vignettes sans lien plutôt que de se fatiguer à bâtir un ensemble, un film qui réellement, raconte quelque chose, emmène des personnages d'un point A à un point B... d'écrire tout court en soi.
Je vais te manquer relève sans doute possible de la seconde catégorie, juxtaposant plus qu'il n'entremêle une série de personnages unidimensionnels qui n'existent que dans le semblant de storyline qui leur est imposé. Si certains sont sauvés par leurs interprètes (Monique Chaumette en tête) aucun n'est réellement étoffé ou même, finalement, intéressant. Au-delà de la structure éclatée, le problème tient au fait que rien ne soit naturel : si les trois quarts des répliques de Pierre Arditi sont géniales sur le papier, jamais elles ne surviennent de façon organique dans la narration. Tout est forcé, collé ensemble sans souci architectural : concepts, idées, personnages sont juste balancés dans la même marmite et au final, tout ça n'a aucun goût. On a d'ailleurs du mal à dégager un réel thème (la séparation ? les nouveaux départs ?) et je compatis à la pensée de l'attaché de presse qui a du pondre un résumé vendeur de l'intrig... de l'objet.
En bonus, passé le fond quasi inexistant, la forme ne relève rien, bien au contraire. On y retrouve tous les artifices habituels des feignants (musique outrancière, dialogues grandiloquents, cadrages clichés), si aisément identifiables qu'on ne parviendra jamais à tenter de jouer le jeu, même avec la meilleure volonté du monde. Il est des tas de choses que l'on peut pardonner à un scénariste, la paresse ne sera jamais l'une d'entre elles.