Ce qui différencie Batman de la plupart des super-héros ayant droit à leur adaptation cinématographique, c'est qu'il n'est justement pas un super-héros. Dans Batman Begins, Nolan pousse cette dimension plus loin encore, se posant la question de savoir si Batman est même un héros tout court.

Et c'est la force de ce retour aux sources, qui nie l'existence des précédents opus de Tim Burton ou Joel Schumacher. Traiter la mythologie de l'homme chauve-souris dans sa dimension première : ... l'homme.
On assiste donc à la naissance de Batman sous les traits d'un Christian Bale faisant figure d'heureuse surprise tant son jeu convainc en Bruce Wayne comme en créature de la nuit, et si le premier segment souffre de quelques longueurs, il est en soi nécessaire à l'introduction d'un personnage plus fascinant que jamais.

Ce parti pris, très intéressant à mon goût, notamment après deux films de 'super héros', donne inévitablement lieu à une 'démystification' qui ne plait pas à tout le monde, chaque élément spécifique de l'univers Batman perdant de son grandiose pour une version plus réaliste (la Batmobile, pour ne prendre qu'un exemple, illustre particulièrement bien cette idée)

En résulte une œuvre très différente, plus noire, plus pessimiste, où Gotham évoque ici les grandes cités américaines dans la crise des années 30, au lendemain de leur grandeur, en train de pourrir de part la corruption. On pardonne alors les imperfections de la mise en scène tant elles sont à l'image du 'héros' : photo parfois trop sombre, caméra tourmentée, la perte des repères au cours des scènes d'actions et de combats n'est pas toujours agréable, mais reste supportable puisque ce ne sont pas ces scènes là qui font l'identité de Batman Begins.

Car autre conséquence : en se centrant sur la genèse du héros, le film offre des méchants moins flamboyants qu'à l'accoutumée, sans que cela soit un défaut. Crane reste terrifiant, dans son écriture comme dans son interprétation, et les motivations de son supérieur en font un ennemi nuancé et d'autant plus intéressant qu'on ne saurait le ranger si promptement dans la case des « méchants ». C'est là que réside toute la force du film : loin d'un affrontement dual entre le Bien et le Mal, il floute les frontières entre ces deux notions et sa chauve-souris vole parfois sans mal de l'un à l'autre.
Julie_D
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le 15 août 2010

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le 3 août 2012

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