Découvert une première fois en 2020, Je veux manger ton pancréas avait trouvé sa petite place dans mon petit cœur. Une douce et tragique histoire qui avait su me toucher et m'émouvoir tout en tenant un discours sur les relations humaines qui, s’il n’est pas fondamentalement novateur, touchait au plus juste.
C’est la rencontre d’un lycéen asocial et d’une de ses camarades condamnées par la maladie. C’est l’affrontement d’un garçon qui a peur de vivre, et d’une fille qui a peur de mourir. Deux être complémentaires jusque dans leurs noms qui, par l'insistance forcenée d’une Sakura, aux abois mais occultant sa fragilité pour se donner une consistance de manic pixie dreamgirl, tissent une relation platonique et intime toute en délicatesse. Au diapason d’une animation belle et discrète, un cocon dans lequel fleurissent nos deux personnages que tout sépare.
Car si Sakura doit mourir bientôt, elle doit profiter des moments qui lui sont accordés. Une relativisation mature qui lui fait apprécier des activités banales pour le commun des mortels, et la fait s’attacher à un Haruki qui de toute évidence ne parvient pas à bourgeonner, et à mordre à pleines dents une vie qu’il ne sait pas, ne veut pas chérir. Sa mission est alors simple, il faut qu’il éprouve des sentiments pour autrui. Il faut qu’il comprenne que sans relations, on ne peut que vivoter. Il faut qu’il s’inquiète pour elle, qu’il ouvre sa carapace, et laisse affleurer l’émotion. Par sa quête, elle gagne une place éternelle dans le cœur de cet étranger, une sensation d’avoir été un ange salvateur dans le peu de temps qu’il lui reste, et d’avoir gagné un confident exclusif. Elle pourra alors partir sereine, tout en laissant à cet ami les clés pour se remettre de sa perte et aller de l’avant.
Un film porté par des personnages attachants, où le spectateur s'immisce dans leur relation comme un confident de plus. Le caractère solaire de Sakura illumine l’écran, et son inéluctable trépas, aussi déchirant soit-il, continue de projeter sa radiance dans un épilogue qui console tant Haruki que l’audience captive de cette beauté évitant les ornières de la mièvrerie.