L'après-guerre 1914-18. Sur un bateau ancré devant Cayenne, un Européen incertain attend de pouvoir débarquer alors que des torches et un chant ému saluent son retour dans la nuit. Le film d'Alain Maline (ayant réalisé précédemment "Cayenne Palace") se déroule alors en un long flash-back pour ressusciter celui qui a été "L'homme de fer" guyanais au nom de trois idéaux républicains.
Jean Galmot a enchaîné les ruptures intransigeantes. Avec sa femme, leur fils malade et le journalisme (Affaire Dreyfus) quand il arrive en Guyane en 1906, pour la quête de l'or. Avec ses compatriotes quand, fortuné, il s'éprend d'une métisse et choisit d'aider le peuple à se libérer du joug colonial.
Entretemps, lui a fait une puissante découverte : l'âme guyanaise.
Son retour découle d'un complot qui l'a ruiné, jeté en prison, mais pas coupé de ses amis noirs. "Papa Galmot", prisonnier de son image de libérateur d'un sol déshonoré par le bagne, meurt empoisonné et martyr...
On ne reçoit pas ce film. On est dedans ! Au plus près de Christophe Malavoy, habité par un rôle emblématique, vampirisant et "césarisable" d'office ! Ses notes de tournage ont de quoi aimanter les spectateurs : "J'ai marché sur cette braise incandescente que fut la vie de Jean Galmot. Une force mystérieuse le guide".
Alain Maline fait revivre ce héros méconnu en enjolivant sans doute un peu sa destinée. Mais le gros budget permet au souffle de l'épopée individuelle de se maintenir au fil de séquences intimistes ou convulsives.
Le contexte guyanais du début du XXe siècle est cerné de façon courageuse, voire militante, au travers de seconds rôles dérangeants.
Avec un tel film, aller au cinéma, ce n'est vraiment pas le bagne !