Mais c’est l’objectif. Aliéner le personnage à travers des tâches quotidiennes catastrophiquement longues, ennuyeuses, rythmées, trop parfaitement rythmées. Notre cerveau ne peut plus recevoir d’informations. Nous attendons constamment quelque chose, nous regardons dans tous les coins du cadre, dans la profondeur de l’appartement, mais rien, toujours rien, encore et encore rien.
Les seuls moments où notre cœur, déjà au bord de l’arrêt, se prend d’une très légère excitation, c’est avant chaque échange entre un commerçant ou un passant. Mais là encore rien.
Ajoutez à cela un fils plongé dans sa lecture du soir au matin (je pensais qu’il n’y avait plus que le smartphone à table pour nous couper du monde, je viens d’y voir le contraire). Un accent belge nous rappelant que son père n’existe plus qu’à travers lui. À poser des questions sans surprise, ennuyeuse…
Regarder ce film est un réel défi, et je pèse mes mots.
Mention spéciale pour l'« emmerde absolue » et la patience de Jeanne quand sa voisine vient lui raconter ses problèmes.
Mais pour tout ça, Akerman a réussi son film : nous montrer à quel point la solitude est pire que la mort. Contrairement à cette dernière, elle ne s’arrête jamais. Mais je ne comprendrais jamais comment ce film peut être classé parmi Le Plus Grand De l’Histoire.