Maïwenn du Barry fait la malodorante ouverture du Festival de Cannes avec un égo-film dé(lé)bile et politiquement douteux...
On aurait pu croire, avec l’histoire de cette roturière libertine devenue favorite du roi Louis XV, à une renaissance de la réalisatrice de Polisse (2011) et de Mon roi (2015). Or, s’attaquant au film d’époque (et ses fastes décors et costumes), Maïwenn ne sort ni de sa zone de confort, ni des sentiers battus du genre. À l’image d’ADN (2020), comédie de deuil grinçante remaniée en long-métrage étriqué et triqué par l’autocentrisme de sa metteuse en scène, Jeanne du Barry abandonne à bride abattue son postulat de départ : l’ascension sociale de son personnage et son ambiguïté, entre séductrice délurée et amante ingénue, au sein d’un Versailles manipulateur et socialement méprisant.
En effet, une fois la question des rapports de force éclipsée, le film de cour – de récréation, avec ses petitesses comme seul enjeu désormais – présente une Maïwenn Du Barry débonnaire et super-héroïsée face aux très méchantes filles du roi. Sur l’amour et la quête du pouvoir, on préfèrera alors aisément le complexe et bien plus sulfureux Benedetta de Paul Verhoeven (2022).
Si Benjamin Lavernhe, l’avenant 35mm et les costumes sauvent les meubles (versaillais), le long-métrage n’échappe également pas aux codes du biopic, suivant sagement un déroulé prévisible et, par conséquent, presque sans vie.
Pas totalement raté d’apparence, le wikipédiesque Jeanne du Barry ne peut néanmoins pas être évoqué sans s’interroger sur son propos politique, au mieux naïf, sinon méphitique, flattant le masculin et le système dominant, attendant sa validation. Cette louange devient facilement insupportable étant donné l’accueil réservé au film. Le tapis rouge, déroulé aux violents, permet au long-métrage de se soustraire à son destin initial : le non-événement.