Jeanne du Barry par Fenetre_sur_salle

J'aurais aimé détester ce film tant je suis gêné par les mauvais messages que le choix de Johnny Depp et la sélection du film en ouverture de Cannes envoient mais non.

Pas très fan des biopics et des films trop académiques, je ne me suis pourtant pas ennuyé une seule seconde. Alors, en effet, on ne retrouve pas la patte habituelle de Maïwenn, l’ambition du film (décors et costumes) ne lui permettant pas de mettre en place son dispositif habituel, qui mise beaucoup sur la spontanéité. Mais là où beaucoup de critiques semblent reprocher à Maïwenn l’absence d’intentions de mise en scène, je vois, au contraire, une réalisatrice qui a fait le choix délibéré d’aller sur un autre terrain, vers un académisme dont elle s’applique à réinvestir tous les codes (voix off, plans larges…). 

Cela fait sans doute perdre de la force au film car le résultat peut paraître lisse, mais ce sentiment est sauvé par l’interprétation de Maïwenn qui tient le film à bout de bras. Pleine d’espièglerie, elle parvient à insuffler beaucoup de modernité au personnage et par ricochets, au film tout entier. Elle est d’un naturel si confondant qu’il est parfois difficile de distinguer le personnage de l’actrice. J'ai adoré ses sourires et ses regards malicieux et j'avoue une nouvelle fois avoir été touché par la personnalité si singulière et à fleur de peau de cette actrice/réalisatrice.

Le gros point négatif concerne les autres personnages féminins du film, ultra stéréotypés, rappelant davantage les demi-sœurs de Cendrillon que des personnages historiques crédibles. Les scènes avec les filles du roi sont tellement caricaturales que je me suis parfois cru dans le clip de Libertine, de Mylène Farmer. Heureusement, ces scènes sont régulièrement sauvées par une petite touche d’humour. L'autre point faible du film est le montage, peu cohérent.

En revanche, énorme coup de cœur pour @benjaminlavernhe, qui incarne son personnage avec beaucoup de sensibilité et de finesse. Un plaisir de le voir jouer autre chose que ces personnages de mâle odieux qu’on a de cesse de lui faire interpréter. Sa complicité avec Maïwenn m’a ému.

Ce film est sans doute le film de Maïwenn que j’ai le moins aimé. Tout est loin d’être parfait mais j’ai tout de même passé un très bon moment et ai été séduit par ce qu’elle est parvenue à mettre d’elle dans ce personnage. Force est de constater que même en essayant de proposer un cinéma plus conventionnel, Maïwenn reste toujours aussi clivante, notamment à cause de prises de position et de choix artistiques que l’on ne peut s’empêcher de considérer comme politiques. Agaçante pour certains, touchante pour d’autres, mais au final plus que jamais libre, une chose est sûre, cette réalisatrice ne laissera jamais indifférente !