Jeepers Creepers frappe très fort. D’abord parce qu’il propose des personnages neufs, soient un frère et une sœur victimes d’une monstruosité locale ancrée dans la ruralité la plus misérable ; le film emploie l’isolement géographique comme base mythologique et anxiogène dans laquelle rien ne se passe, tout se ressemble à tel point que les petits jeunes étrangers bouleversent la clientèle d’un diner, le poste de police et ses occupants. Là où les champs verdoient et les habitations se dispersent prend vie un sentiment d’étrangeté liée à cette même immobilité devenue subitement véhicule du diable, arpentant les routes désertes en quête de corps à galvaniser. La créature se mue en bras armé du nowhere, en faucheuse justement restituée dans sa ruralité profonde, recréant la porte des Enfers dans son sous-sol telle une création de Rodin. Ensuite la réalisation aux visuels très soignés et à la fluidité merveilleuse découpe parfaitement ses scènes, crée un rythme qui avance en dents de scie jusqu’au final magnifique et tragique. S’il frôle parfois le ridicule, Jeepers Creepers a toujours assez d’intelligence pour l’éviter et tutoyer cette ligne poreuse entre l’horreur et le regard amusé sur son horreur, comme cette tête coupée offerte au démon pour l’embrassade. Superbe !