Seinfeld remonte sur la scène qui l'a vu faire ses premiers pas de comédien. Entrecoupé de petites séquences documentaires retraçant sa vie, Mr Seinfeld se fait le plaisir de venir nous raconter ses observations à l'ancienne.
À l'ancienne, oui, car l'humour Seinfeld™ c'est ce qu'on considère comme la base dans la comédie maintenant. Il fait parti des Grands qui ont redéfinit la comédie à une époque. Revenir maintenant avec un spectacle basé sur des bits écrits à l'époque, ou en ayant la saveur, c'est faire dans le classicisme. Rien de mal là dedans, si ce n'est que ça manque de grandiose ça manque de tournure ou peut être même de consistance.
Les observations et réflexions de Jerry Seinfeld relèvent de l'art simple et pourtant pointu de l'analyse du quotidien. C'est un art nécessitant un oeil ou une âme d'enfant observateur passant ses journées à tout regarder, tout noter, tout analyser jusqu'à en extraire la petite pellicule d'absurdité qui contours nos vies, nos petits gestes et réflexions du quotidien (et jamais rien ne surpassera la série Seinfeld pour ça bien entendu).
C'est sûrement mon oeil actuel qui me fait ça mais on est devant un spectacle très classique, simple, à la Seinfeld, délivré par lui-même (et pas par Gad Elmaleh oups comme je suis taquin ohohoh) et c'est foutrement efficace car le bonhomme sait parler, sait s'agiter au besoin, sait lâcher sa blague au moment le plus opportun. On sourit, c'est agréable, on rit même. Mais pas assez par rapport aux attentes qu'on peut avoir quand on est face à un tel nom.
La partie documentaire mériterait un format long. C'est sincèrement bien, il y a tellement de choses à dire sur sa vie ou sur ce qu'il pense de la comédie, mais c'est inséré à la truelle. Heureusement que Seinfeld a un texte très décomposé qui permet ces pauses, mais même comme ça, les deux derniers flashs nous font sortir de la comédie.
Tenter ce format c'est mélanger deux univers liés par une chose : le storytelling. Le micro-storytelling des vannes et le storytelling classique du documentaire. Donc sur le papier oui ça peut marcher, il y a une fuite en avant, un chemin, c'est lié ça fonctionne. Mais non. Non car les univers sont imperméables. Tantôt on veut nous rendre nostalgiques ou intéressés, tantôt on veut juste s'allonger, se laisser faire par l'imagination de Seinfeld et rire.
Malheureusement le mélange est raté mais aura eu raison de moi et m'a donné l'envie de plus creuser sa vie, sa carrière et sa vision de la comédie.
En ressort une comédie simple et efficace, accessible et tranquille mais dans un format brouillon. Je n'irai pas jusqu'à dire que son texte est faiblard car les stands-up de Seinfeld ne m'ont jamais fait hurler de rire, mais disons qu'on peut rester sur sa faim devant un tel manque de prise de risque.
Au final peut être que c'est ça la vieillesse, ressasser les mêmes choses en criant, les poings en l'air, "NEW YORK IN THE 70s THOSE WERE THE DAYS" sur un ton légèrement ironique mais dans lequel on lit une part de nostalgie pure d'un homme ayant connu le grand boom de son art et ayant contribué à en définir les contours pour les années qui suivirent.