Jerry souffre-douleur par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Un drame vient de se produire aux Etats Unis, un avion de ligne s'est écrasé avec à son bord une star du grand écran qui devait jouer incessamment dans un film. Pour les membres de l'équipe de tournage c'est une véritable catastrophe: faut-il tout abandonner suite au décès de l'acteur principal? Non, le groupe décide de rester soudé afin de dénicher un autre acteur.
Justement un groom maladroit vient apporter des rafraîchissements à cette pauvre équipe désemparée. Ce garçon qui tombe comme un cheveu sur la soupe se nomme Stanley Belt et il faut bien reconnaître que rien ne le prédispose à devenir acteur. Il est d'une timidité sans pareille, maladroit au possible et d'une intelligence qui peut laisser perplexe. La petite équipe tente le tout pour le tout, c'est ce pauvre Stanley qui devrait faire l'affaire...


Il est bien certain que l'on ne recrute pas un premier venu pour occuper le rôle principal d'une production sans le passer au crible. C'est ce que vont pourtant faire nos protagonistes avec Stanley et il faut bien l'avouer, l'équipe a bien du souci à se faire n'imaginant pas combien ce pauvre type pourra être aussi pitoyable.
Les galas s'enchaînent tant bien que mal enfin plutôt mal que bien et chacun démissionne devant la nullité de ce personnage tombé du ciel. Plus personne ne veut parier un kopek sur Stanley. Le film est fichu, enterré. Il se produit tout de même un petit miracle au milieu de ce marasme, la seule femme du groupe, Ellen, essaie de croire encore à la réussite de l'apprenti acteur.


Mais est-ce possible ? Partout où il passe Stanley déclenche la panique, l'hilarité voire parfois l'indifférence. Pourtant cet homme fait parfois preuve de bon sens, finissant par reconnaître son manque de talent. Il préfère son petit boulot tranquille de naguère aux liasses de billets de banque échangées pour une vie d'artiste. Ne pas savoir jouer la comédie, ne pas savoir chanter, ne pas savoir se tenir en société engendrant toutes les gaffes possibles et inimaginables, il est bien certain qu'avec un tel palmarès, même la gentille, patiente et douce Ellen aura bien des désillusions.


Ne cachons rien, il est sûr qu'avec l'ami Jerry Lewis nous entrons dans le domaine du loufoque et de l'absurde. Toutefois son talent de réalisateur et d'acteur réussit toujours à nous créer un personnage, certes complexé au possible à en devenir l'être le plus maladroit du monde, mais attendrissant de naïveté, naïveté mêlée de bon sens et d'humanité. C'est le cas dans cette production qui suit son meilleur film à mon goût: "Docteur Jerry et Mister Love". Ce film c'est vrai n'a pas les qualités de son prédécesseur, toutefois il comporte des scènes qui sont propres à notre ami Jerry et qui sont remarquables: la séance chez le barbier, le groupe de chanteuses et Jerry le "chanteur" qui ne font qu'un sont des scènes assez extraordinaires tout comme ce morceau d'anthologie au cours duquel Stanley arrive à une soirée de gala en tenue plus que décontractée. On lui refuse l'entrée et notre galopin va trouver une idée géniale pour se fabriquer en quelques instants une nouvelle tenue à partir de peintures et d'accessoires divers.
On ne peut éviter malgré tout quelques longueurs car les gags ont parfois été vus et revus dans d'autre films de Jerry. On peut trouver les dialogues un peu simplistes et beaucoup de gags un peu trop annoncés, mais comme d'habitude on ne s'ennuie pas et il nous arrive même de rire assez souvent. Sans revenir sur le talent qui n'est plus à démontrer de l'acteur principal, on savoure la beauté et la tendresse de Ina Balin dans le rôle d'Ellen, la présence de John Carradine, d'Everett Sloane, de Phil Harris et de Peter Lorre que nos n'aurons malheureusement plus le plaisir de revoir. Vous avez ainsi la composition de l'équipe censée tourner ce grand film tant attendu.


Cette oeuvre n'est pas la plus connue ni la plus aboutie de Jerry Lewis, mais on retrouve l'artiste tel qu'on l'aime, c'est à dire dans son univers bien particulier, chargé de tendresse, de simplicité et d'humour.


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Grard-Rocher
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le 26 avr. 2014

Modifiée

le 25 avr. 2014

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