Dès les premières scènes, la chorégraphie intense d'un boys band K-Pop filmée en pleine immersion tonitruante est interrompue par les écrans noirs du générique et le silence, avant de reprendre de façon toute aussi abrupte.

Nous sommes prévenus, voilà un film qui ne cherche pas à laisser le spectateur tranquille. Mais peut-on dire pour autant que le ton du film est d'emblée lancé ? Oui et non. Jesus, gamin gâté à la jeunesse dorée, plus ou moins laissé à son compte par un père absent, traîne son ennui, boit et baise comme tant d'autre ados. Un soir, avec sa bande de potes, par ennui et défi, ils tabassent à mort un autre jeune garçon SDF dans un parc. Une longue scène de violence physique et d'humiliation.

Le réalisateur Franco-Chilien, traite de la distance entre les différentes générations dans un film intense qui ne lésine pas sur les scènes violentes et sexuelles.

Il ne possède pas encore la maitrise esthétique d’un grand réalisateur mais parvient à donner une sorte de respiration différente et inattendue à son film. Qui, à mi-parcours, bascule progressivement, changeant de récit et de protagoniste et de ton.

La première partie, puissante mais étouffante, laisse place à une seconde, plus lente et plus amère. Jesus passe au second plan au profit de son père, et ce sont les codes d'un autre film qui semblent alors se mettre en place, ceux d'un thriller viril où un homme seul contre tous cherche à faire justice lui-même. On bascule donc dans un autre genre cinématographique, lui aussi bien balisé. L'alliance de ces deux parties crée un étonnant mélange et apporte à l’ensemble une subtilité bienvenue.

« Jesús », avec ses allures de thriller psychologique et de drame moral, est aussi un film politique. Il s’appuie sur un cas réel qui a conduit à la création de la « loi Zamudio » au Chili, créé dans le but de protéger les homosexuels, et ce, après le passage à tabac et la mort d'un jeune homme une nuit à Santiago. On n’oubliera pas non plus que le Chili est le pays qui n’a jamais pu faire payer ses crimes à son plus grand assassin politique : Pinochet.

Le parcours moral des protagonistes prend un relief surprenant pour finalement faire preuve d'encore plus de noirceur que prévu. On pensait avoir un coup d'avance sur le film, mais c'est lui qui au final, nous laisse K.O.

Le film est en définitive assez touchant. il y a quelque-chose de beau dans ce drame taiseux, dense et sombre, (une grosse partie du film se déroule de nuit à Santiago) , quelque-chose d'inéluctable qui prend aux tripes.

#henrimesquida #cinemaetlitteraturegay

HenriMesquidaJr
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il y a 5 jours

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HENRI MESQUIDA

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