Alors qu'il est accusé à tort d'un crime qu'il n'a pas commis, un jeune homme va s'échapper et, tout en étant poursuivi par la police, tout faire pour retrouver le vrai coupable.
Peu avant son départ pour Hollywood, Hitchcock signe ses meilleurs films britanniques (auxquels on peut notamment rajouter Frenzy, qu'il tournera en fin de carrière) dans la période allant de L'homme qui en savait trop jusqu'à La Taverne de la Jamaïque. Il ajuste et trouve son style qui le rendra célèbre au pays de l'oncle Sam dans les années 1940, ici c'est le thème de l'homme innocent accusé à tort que l'on retrouve et qui verra d'abord plusieurs éléments jouer contre lui et trouvera sur son chemin l'aide d'une jeune et belle blonde...
Sans être un Hitchcock vraiment mémorable, c'est tout de même un plaisir que de visionner Jeune et Innocent. Le maitre est plutôt efficace, il fait preuve d'un bon nombre de bonnes idées (le clignement des yeux, quelques touches plus légères etc) et comme souvent, il se moque gentiment de la police et de son incompétence. Finalement, il ne se concentre pas forcément sur l'intrigue mais sur les personnages, leurs relations et des éléments semblant parfois anecdotiques tels les repas de famille ou la fête avec les enfants. Il orchestre tout cela avec brio, mettant bien en avant des moments de vies plus anodins, malgré la dangerosité qui entoure le couple principal.
Derrière la caméra et, tout en gardant son efficacité, il se permet quelques fulgurances de grande qualité à l'image du travelling final lors de la scène de bal. Il nous immerge dans les campagnes anglaises et insiste parfois sur de savoureux détails, montrant les moeurs et coutumes à l'image des repas de famille ou dans le bar lorsqu'il recherche un témoin clé. De belles manières, il met parfois plus en avant ces éléments que des potentiels multiples rebondissements ou fausses pistes et le mélange prend parfaitement, dégageant un réel charme. Devant la caméra, sans être mémorables, les acteurs font plutôt bien le boulot, notamment la jeune et jolie Nova Pilbeam.
Finalement Hitchcock continu dans une certaine lignée et, si on atteint pas la maestria de (entre autres) Les 39 Marches, Jeune et Innocent se révèle plaisant, agréable et orchestré avec un réel brio par un maître qui ne tardera pas à exporter son talent aux USA.