Frais et sympathique, "Young and innocent" reste toutefois un film mineur dans la riche filmographie d'Alfred Hitchcock, énième variation sur le thème du faux coupable cher au cinéaste britannique.
En dépit de son point de départ criminel, simple prétexte, cette histoire se place clairement sous le signe de la comédie et de la romance contrariée. Le jeune héros en cavale incarné par Derrick de Marney bénéficie en effet de la complicité, bien malgré elle au départ, de la fille du commissaire, jouée par la pétillante et juvénile Nova Pilbeam.
Le récit de leur fuite se déroule à cent à l'heure, sur une structure similaire à celle des "39 marches", sorti deux ans plus tôt, auquel "Jeune et innocent" emprunte aussi le principe de la particularité physique permettant de reconnaître le vrai coupable : ici le tic oculaire, là la phalange manquante...
D'ailleurs ce film très bref (à peine 1H20) peut être considéré a posteriori comme un prototype du récit hitchcockien, tant on y retrouve de motifs chers au Maître du Suspense, qui apparaîtront dans ses œuvres futures : outre le thème central du faux coupable, on peut ainsi répertorier un bref plan sur des mouettes menaçantes ("Les oiseaux"), le bras tendu au-dessus du gouffre entre les deux héros ("La mort aux trousses"), ou encore le travelling final en direction de l'assassin ("Les enchaînés").
Pour résumer, "Jeune et innocent" joue donc à fond la carte de la légèreté, quitte à sacrifier les besoins élémentaires de vraisemblance d'une intrigue policière, à l'instar de cette ceinture visiblement considérée comme l'alpha et l'omega de la preuve matérielle, comme si retrouver l'imperméable d'origine (le macguffin du récit) suffisait à innocenter le jeune héros...
Au final, ce sont les aveux bien pratiques du véritable meurtrier qui joueront commodément ce rôle, permettant à Hitchcock d'achever son film comme il l'avait commencé, sans fioritures, de manière un brin expéditive.
Si l'on parvient à faire abstraction de ce type de facilités, pour se focaliser sur la mise en scène, très dynamique, on passera toutefois un bon moment devant ces péripéties qui rappellent souvent le cinéma muet (pas si lointain), à l'image de ces bobbies à la démarche burlesque, constamment ridiculisés.