Premier film pour Léonor Seraille qui nous fait traverser Paris en compagnie de Paula, un personnage haut en couleurs.


Nouvelle tête dans le paysage cinématographique français, Léonor Seraille revendique sa place de femme. Lors de la présentation au festival de Cannes dans la section Un Certain Regard, elle se réjouissait d’avoir eu surtout des femmes aux postes clés lors du tournage. Son souhait, que l’on partage, serait qu’à l’avenir on ne le remarque plus puisque ça deviendrait tout simplement normal. Quoi de plus logique, pour son premier long-métrage intitulé JEUNE FEMME, de mettre en scène un personnage féminin aussi fort ! En l’occurrence, il s’agit ici de Paula, larguée par son mec, désormais sans domicile ni sous. Mais Paula a du caractère, de la ressource. Et Laetitia Dosch, son interprète, un talent fout.Dès les premières minutes, on comprend que l’osmose est totale entre l’actrice et son rôle. Lancée dans des monologues face à un docteur, elle déploie une palette de jeu impressionnante. Paula est une montagne d’énergie, un volcan pas loin de l’éruption. Et nous sommes les randonneurs qui arpentons toute les facettes de sa personnalité, avec ses qualités et ses défauts. Dénué d’une structure narrative classique – c’est sa limite -, le film est un enchaînement de sketchs qui permettent avant tout de mettre en avant Laetitia Dosch, la plus grande attraction du long-métrage. A l’image de La Vie d’Adèle, Victoria de Justine Triet ou Personal Shopper, la majeure partie de la réussite de JEUNE FEMME tient sur la caractérisation de son personnage principal, véritable boule d’attraction. La pari est réussi puisqu’on tombe rapidement sous son charme, on consent volontairement de la suivre dans des pérégrinations parfois décousues mais dont son caractère est le ciment tenant l’ensemble. Léonor Seraille, descendante logique de tout un pan du cinéma indé français, accepte de dévouer sa mise en scène à son héroïne, de sublimer les strates de sa personnalités dans un cadre très franco-français.


En fond, c’est un portrait de la France que dresse la jeune réalisatrice, au travers d’un Paris so-2017. Course à l’emploi, débrouille financière, fracture sociale, JEUNE FEMME se dote d’un discours social pertinent qui ne tire jamais la couverture vers lui tout en étant assez présent pour devenir notable. Avec son titre indéfini ne mettant pas en avant une jeune femme, mais son concept, Léonor Seraille met sous le feu des projecteurs toute une génération de femmes indépendantes qui peuvent tracer leur chemin librement, en ayant le droit de se tromper. Et s’il faut passer par des chemins exigus, pas grave, tel un chat, elles retomberont sur leurs pattes. Avec un premier film de la sorte, le jeune réalisatrice française laisse apercevoir un potentiel certain, à peu près le même décelé en Justine Triet à l’époque de La Bataille de Solferino. Long-métrage avec lequel elle partage, comme par hasard, le porte-bonheur Laetitia Dosch dans le rôle principal. Son cinéma frais et percutant s’affinera à n’en pas douter avec le temps. Ça sera son plus grand défi. Si elle réussi, on devra compter sérieusement sur Léonor Seraille dans les années à venir.


Par Maxime Bedini pour Le Blog du Cinéma

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le 5 juin 2017

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