Il faut reconnaître que Marine Wacth est très séduisante, mystérieuse à souhaits et que c'est LA révélation de ce film de François Ozon, comme d'habitude, atypique, voire légèrement malsain.
Je pense que ce côté malsain de la jeune fille qui se prostitue par plaisir et par curiosité en aura dérangé plus d'un, à en croire la note très mitigée obtenue par ce film sur un site comme Sens Critique.
Moi, ce n'est pas cela qui m'a dérangé car je trouve la question intéressante : qu'est-ce-qui peut pousser une jeune fille de tout juste dix-sept ans à se livrer à des inconnus, dans la plus parfaite intimité ?
J'essaie de me projeter quelques décennies en arrière, et je peux comprendre qu'à cet âge délicat de l'entrée dans la vie amoureuse, une jeune fille ait envie de tester sur des inconnus ses capacités de séduction et d'érotisme, voire ses propres pulsions sexuelles. Même si cela n'arrive pas à toutes les jeunes filles (et heureusement quelque part !), ce type de comportement peut se comprendre ...
C'est une période trouble, difficile à vivre car on est sans cesse assailli(e) d'émotions contradictoires et on se cherche à travers les autres. Je pense qu'Isabelle cherche à savoir qui elle est, à travers ces relations éphémères. Elle et aussi très curieuse, attirée par la surprise de l'inconnu qui peut avoir une côté très existant. Elle l'exprimera d'ailleurs à la policière.
De plus, Isabelle semble encore très naïve; elle ignore le danger, ne s'en rend même pas compte, plaçant sa curiosité insatiable, sa soif d'expériences sexuelles et de rencontres devant tout.
Il faut dire aussi que l'adolescence est l'âge des secrets, de l'imagination, des inventions. Isabelle chercherait elle à s’inviter une vie qu'elle n'a pas ? Chercherait t-elle à combler une existence qu'elle trouve trop fade, trop routinière ? il faut voir le plaisir qu'elle prend à se métamorphoser, à se changer, à se glisser dans la peau d'une autre, Léa, son double plus audacieuse, plus sexy, légèrement plus âgée et quelque part plus libre.
Dire qu'elle n'y met aucune sentiment serait faux. La preuve, elle s'attache au personnage de Georges et est très peinée de son décès brutal. Cela lui coupera d'ailleurs toute envie de recommencer avec un autre.
J'ai bien aimé globalement l’histoire, la mise en scène, le jeu des acteurs, mais je n'ai réservé qu'un 7 à ce film car ce n'est pas non plus à tomber par terre. Il y a certaines longueurs; la psychologie des personnages secondaires n'est, je trouve, pas assez analysée en profondeur. Cela dit, je pense qu'Ozon l'a fait exprès afin de laisser planer un certain mystère.
J'ai apprécié également le relationnel entre la mère et la fille, l'incompréhension de la première, ses tentatives de rapprochement, le repli de la seconde.