Une esthétique glacée à l'image de son héroïne, le film tout entier est tourné vers l'observation neutre, d'une adolescente particulière, s'adonnant à la prostitution. Les raisons possibles sont avancées : argent, plaisir, absence de figure paternelle et rejetées aussitôt. Il ne reste rien pour comprendre le mystère de Isabelle/Léa, magnifiquement interprétée par Marine Vacth. En tout cas, elle fait craquer doucement, inexorablement le vernis bobo de son entourage : sa famille (pourtant ouverte, libre, mais bien comme il faut). Elle prend la mesure du pouvoir subversif que lui confère sa jeunesse, sa beauté, accumulant l'argent comme un trophée, refusant la vie adolescente parisienne de soirées gentiment alcoolisées et de petits amis ennuyeux.
Dans la lignée de ses films aimant observer les recoins sombres, inavouables de la sexualité (la perversité de Claude de Dans la maison, le travestisme de David dans une nouvelle amie...), Ozon signe un film fascinant, mystérieux, beau. À ne pas manquer.