La Question humaine
Ce ne sont pas des personnages que l’on retrouve, très loin de l’idée qu’on pourrait se faire du dispositif de Wang Bing sur Jeunesse (il a suivi les jeunes ouvrier•es de ces usines textiles pendant...
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le 9 avr. 2025
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Après Jeunesse (Le Printemps) 青春: 春 (2024), on retrouve Wang Bing (À la folie - 2013) dans le second volet de sa trilogie consacrée aux jeunes ouvriers de l'industrie textile chinoise. Son tournage au long cours (de 2014 à 2019), pendant lesquelles il a cumulé 2600 heures de rush, nécessitait d’être scindé en plusieurs parties.
Cette suite nous ramène à Zhili, une cité-dortoir située à 150 km de Shanghai. Une ville ouvrière entièrement dévouée au textile où s’affairent 300 000 travailleurs migrants. Comme nous l’avions laissé dans le précédent film, on se retrouve confronté aux machines à coudre qui vrombissent à longueur de journée pendant que les jeunes ouvriers (âgés entre 16 & 30 ans) s'esquintent la santé à confectionner toute sorte de vêtements en percevant une rémunération qu’après avoir travailler toute une saison entière (ils perçoivent leur salaire qu’à la fin de l’année, raison pour laquelle ils repartent avec une importante liasse de billets). Comme dans le précédent film, on assiste aux éternelles négociations entre les ouvriers et leurs patrons, on découvre les spécificités du travail local, notamment le fameux “livre de paie” (où sont consignés les heures effectuées et les salaires perçus).
Ce second opus braque les projecteurs sur le prolétariat et sa vulnérabilité face à la malhonnêteté de certains patrons voyous qui n’hésitent pas à plier bagages du jour au lendemain, avec les vêtements confectionnés par leurs petites mains, sans avoir pris la peine de les rémunérer. Ces derniers auront travaillé pendant de longs mois et ne percevront jamais le fruit de leur dur labeur, ne leur laissant pas d’autre choix que de trouver un autre atelier pour travailler ou d’essayer de revendre au meilleur prix les machines abandonnées par leurs patrons afin de le redistribuer auprès des employés lésés.
« A quoi sert l'argent si t'as aucun droit ? »
Chaque année, on dénombre pas moins de 200 à 400 patrons qui s’enfuient, laissant sur le carreau les travailleurs, mais aussi les fournisseurs (de tissus), ainsi que les propriétaires des locaux où sont situés les ateliers (et les dortoirs des ouvriers).
Le film montre à la fois les conditions de travail toujours plus précaire (les bâtiments (ateliers dortoirs) sont d’une crasse hallucinante et les abords des ateliers sont des décharges à ciel ouvert), l’exploitation de cette jeune main d’oeuvre bon marché, naïve et obéissante, ainsi que les violences policières envers des migrants qui ne sont rien d’autres que les esclaves des temps modernes du capitalisme chinois.
● http://bit.ly/CinephileNostalGeek ● http://twitter.com/B_Renger ●
La saga au complet :
│ Jeunesse (Le Printemps) 青春: 春 (2024) ★★★☆
│ Jeunesse (Les Tourments) 青春: 苦 (2025) ★★★☆
│ Jeunesse (Retour au pays) 青春: 归 (2025)
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Créée
le 6 avr. 2025
Critique lue 94 fois
Ce ne sont pas des personnages que l’on retrouve, très loin de l’idée qu’on pourrait se faire du dispositif de Wang Bing sur Jeunesse (il a suivi les jeunes ouvrier•es de ces usines textiles pendant...
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le 9 avr. 2025
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Wang Bing cherche l'étincelle dans les ténèbres de cette vie de patachon que mènent les semi-esclaves de petits ateliers textiles regroupés dans le quartier de Zhili. Il faut voir ces jeunes et...
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le 9 mai 2025
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