Il est courant, lorsque l'on attend monts et merveilles d'un film, d'être saisi d'un léger sentiment de déception, aussi imbécile que prégnant, au bout de quelques minutes. Souvent, celui-ci perdure. Parfois, il s'aggrave. Rarement, il explose en vol, balayé par le souffle de l'entrain qui nous saisit.
To be or not to be est l'exemple parfait de ce dernier cas. Si les premières scènes d'exposition, qui demeurent d'excellente facture, ne sont pas aussi enthousiasmantes que l'on aurait pu le souhaiter, elles se révèlent au final indispensables à la bonne tenue du reste du métrage. Et quel reste !
Je serais bien incapable de distinguer ce qui m'a le plus extasié. La maestria du scénario, véritable merveille d'écriture, qui offre une comédie d'espionnage parfaite, enlevée et entrainante? Le jeu hallucinant des interprètes, qui magnifie des rôles plus mémorables les uns que les autres? L'humour sublime, qui se niche dans des dialogues déjà hilarants au premier degré, catégoriquement exquis quand on prend en compte les sous-entendus, et dans des conjonctures aussi délirantes que cohérentes? L'hommage fabuleux rendu à l'art théâtral comme forme de résistance à la barbarie, qui n'oublie pas de dénoncer avec légèreté et affection les quelques travers de ses pratiquants? La netteté de la réalisation, qui sous des abords d'austérité fournit son quota de plans géniaux?
C'est de toute façon un chef-d'œuvre, qui se paie de surcroit le luxe, vers sa fin, d'offrir l'un des gags les plus drôles de tous les temps (je parle de celui dans l'avion, pour ceux qui se poseraient la question).