Après le succès de l'excellent film de John McTiernan, il semblait logique que la Paramount se lance dans l'adaptation de la suite des aventures du plus connu des agents de la CIA (après Felix Leiter bien sûr). Ils décident donc tout logiquement d'adapter Jeux de guerre, second roman de Tom Clancy ayant Ryan pour héros, avec une équipe a 99% nouvelle puisque seul James Earl Jones dans le rôle du directeur de la CIA et le scénariste Donald Stewart retrouvent leur poste. Nouveau réalisateur donc, mais aussi nouveau casting avec pour interpréter Jack Ryan, un acteur au sommet de sa gloire et qui va enchainer les premiers rôles de gros budgets dans ce début des années 90 (Le Fugitif, Présumé innocent, Air force one...) pas toujours avec bon goût, j'ai bien sûr nommé Harrison Ford.
Mais ne perdons pas notre temps, Jeux de guerre tient-il la route pour reprendre le flambeau d'À la poursuite d'Octobre rouge ? Sans aucun doute ni aucune hésitation : non, on peut même dire que le film est passé à côté de son sujet. En effet celui-ci souffre de beaucoup de problèmes. Tout d'abord Harisson Ford, vous me direz que c'est subjectif, que c'est une affaire de goûts, mais non, Harisson Ford dans le rôle de Jack Ryan pour moi ça a un nom : une erreur de casting. L'histoire de Jeux de guerre repose avant tout sur lui, qui est censé être un trentenaire, essayant de faire cohabiter sa vie de jeune père avec son boulot, d'être écouté par de vieux quinquas et sexas qui prennent ce "gamin" de haut, d'autant plus que c'est un homme de bureau ce qui le rend encore moins crédible auprès de vieux briscards du terrain. Le problème avec Harrison Ford donc ? Il est bien trop vieux pour être crédible en jeune père trentenaire, il parle à des gens qui sont à peine plus vieux que lui, et il a vraiment l'allure d'un homme d'action et pas du tout d'un employé de bureau. Du coup, certaines situations en deviennent incompréhensibles sinon risibles. Et justement, les scénaristes ont privilégié l'action, remisant l'aspect politique, recherche, information, en d'autres termes : le métier même d'agent secret et le cœur d'un roman de Tom Clancy, au minimum syndical. Et c'est vraiment dommage, les scènes d'action, misant bien plus (trop ?) sur le spectaculaire que sur le réaliste, semblent arriver comme un cheveu sur la soupe, du coup elles en deviennent vraiment inintéressantes, on ne sait pas vraiment pourquoi et comment on en est arrivé là, l'histoire n'étant racontée que très succinctement, elle n'arrive ni à devenir intéressante, ni à donner de la tension au film et de l'empathie pour notre agent du renseignement. On regarde son « aventure » sans intérêt particulier pour ce qui peut bien lui arriver, d'un œil prêt à être distrait par n'importe quel stimuli passant par là.
Reste la réalisation, si la première adaptation avait été confiée à une valeur sûre qui n'avait pas grand chose a prouver sur ce genre de production, celle-ci a été confiée à un quasi débutant en la personne de Phillip Noyce. Sa direction est correcte, tout comme le montage, les cadrages et la lumière mais s'avère être avant tout fonctionnelle, inutile de chercher un quelconque style personnel, pas la moindre tentative d'innovation, pas le plus petit risque pris, c'est maîtrisé correctement mais oh combien classique. Ce qui est bien insuffisant pour donner de l'intérêt au film, il n'y a ni tension, ni ambiance particulière qui se dégage du métrage alors que c'était l'un des points forts du film de McTiernan.