Typique des produits calibrés dans les années 90, Jeux de guerre paraît aujourd’hui gentiment démodé. Sur le papier, le film se présente comme un thriller d’action mâtiné d’espionnage. Dans les faits, l’ensemble est quand même sacrément mou du genou pour un film d’action (même s’il plonge dans la plus totale et ridicule invraisemblance dans les ultimes scènes justement d’action), très limité en termes de thriller (il s’agit d’une banale vengeance qui ne peut, au regard du contexte, tenir la route) et sacrément léger au niveau du discours politique.
Très linéaire, le récit avance à petits pas sans jamais offrir ni surprises ni ruptures de rythme. Le résultat, du coup, repose pour beaucoup sur son interprétation avec, en tête, si on est amateur bien sûr, Harrison Ford incarnant un Monsieur Tout-le-Monde capable de sauver femme, enfants et le pays de l’oncle Sam avec la décontraction qu’on lui connait. On est ici très loin du film d’action-espionnage décérébré qu’on nous sert depuis les années 2000 (au hasard The Ryan initiative pour proposer une comparaison qui a du sens) où tout est sacrifié aux scènes d’action interdites aux épileptiques. On est loin aussi des films d’espionnages des années 70 où le réalisme écartait toute forme de spectaculaire (avec nécessité de s’appuyer sur un scénario en béton). On est exactement dans l’entre-deux. C’est commercial mais ce n’est pas un blockbuster. C’est bien pensé mais ce n’est pas un film qui a quelque chose à dire.
Coincé entre ces deux branches, le résultat paraît aujourd’hui quelque peu bancal. Cela manque de profondeur pour passionner, ce n’est pas suffisamment spectaculaire pour être palpitant. C’est un gentil divertissement qui se regarde sans déplaisir mais on peut comprendre que certains puissent le juger ennuyeux ou ridicule au regard des éléments qui viennent d’être énoncés.