Il ne faut jamais oublier que, dans les traditions, le couple est synonyme d'alliance et de fidélité. Dans la vie sociale, il se traduit d'ailleurs souvent par l'union civile, avec l'accord de l'État et d'un seigneur céleste.
Donc, quoi de mieux que les films qui dézingue – comme l'écrirai un journaliste people – cette institution et les conventions qui l'accompagnent ! Le canevas est déjà un terreau fertile pour l'anti-bourgeoisie affichée. Cette haute bourgeoisie, qui cultive un certain goût pour la manucure, est ardemment désirée par une C. Lombard à l'instinct de survie décuplé, et c'est vers elle que se tourne le riche R. Bellamy, trop handicapé à ses yeux pour briller sur l'échiquier. Elle rencontrera un héritier n°III en la personne de F. McMurray, tout aussi déluré. Les deux avaient probablement tout pour être heureux si ce dernier n'était pas fauché et fiancé en dernière instance.
On regrettera cependant la faiblesse de l'intrigue qui critique le mariage de raison au profit de l'amour, une perspective qui paraît datée compte tenu du fait que les deux ne sont à aucun moment incompatibles (même en tenant compte du contexte de l'époque et du lieu !). Je salue tout de même l'interprétation du couple vedette et de notre témoin en fauteuil qui ne peut nourrir de rancune. Ah, quelle noblesse !
Le tout emballé, c'est pesé pour le spectateur qui attend la catharsis prolétarienne, moins le soft power joyeux d'un McCarey ou d'un Capra.