Cal McAffrey,journaliste expérimenté du Washington Globe,doit enquêter sur plusieurs meurtres qui semblent liés,mais il y a quelques hics.Le premier est que l'une des victimes est une collaboratrice de Stephen Collins,sénateur ambitieux et étoile montante de la politique américaine.Le second est que Cal et Stephen sont des amis de longue date.Le troisième est que la défunte était en plus la maîtresse de Collins,par ailleurs marié.Le quatrième est que ce dernier est en train de présider une commission d'enquête sur PointCorp,une puissante agence de sécurité aux méthodes pour le moins controversées qui aurait tout intérêt à se débarrasser de lui.Tous les éléments sont donc réunis pour un bon petit thriller paranoïaque fleurant bon les années 70 avec son ballet de journaleux,de politicards,de mercenaires,d'affairistes,de flics,d'indics,de truands,de barbouzes et d'intermédiaires douteux,dans la tradition d'oeuvres comme "Les hommes du président" d'Alan Pakula.La réalisation extrêmement tendue de Kevin Macdonald ne relâche jamais la pression et enchaîne sans faillir rebondissements et coups tordus tandis que le pool de scénaristes,comprenant notamment Tony Gilroy et Billy Ray,eux-mêmes cinéastes spécialisés dans le thriller,a su concocter un récit haletant et suffisamment embrouillé pour maintenir le suspense jusqu'au bout.Produit par Universal et la Working Title de Tim Bevan et Eric Fellner,le film est une adaptation d'une télésérie de la BBC,ce qui est souvent gage de qualité comme en témoigne entre autre "Traffic",autre création de la chaîne british.Les coulisses des manigances entourant les enjeux financiers et les luttes de pouvoir sont éclairées d'un jour peu flatteur et le rôle de la Presse en butte aux difficultés économiques liées aux nouvelles technologies est également finement analysé,ce qui n'empêche nullement "Jeux de pouvoir" de rester un spectacle captivant,jouant en outre sur les ressorts imbriquant adroitement des personnages aux destins entrecroisés.Hélas la dernière partie de l'histoire s'affale un peu,la résolution du puzzle est légèrement décevante et tout s'arrange un poil trop bien dans un happy-end assez frustrant.C'est aussi parfois prévisible et parfois incohérent.On se demande ainsi pourquoi Stephen aiguille Cal sur la piste du meurtre de sa petite amie,hypothèse jusqu'alors pas évoquée.Bien sûr il s'agit pour lui d'incriminer PointCorp mais il prend un risque énorme et le boomerang lui reviendra dans la gueule.Le rôle d'Anne Collins n'est pas non plus très clair,est-elle complice de son mari et depuis quand?D'autres scènes donnent du gîte,telle celle où Bingham s'attaque à McAffrey.Pourquoi le laisse-t-il filer pour ensuite le poursuivre dans le parking?Pas mal de facilités donc dans ce script,sans oublier le portrait hagiographique fait de la Presse,qui cadre mal avec la réalité des journaux mainstream.Des reporters courageux,compétents,opiniâtres et incorruptibles,on pouvait y croire autrefois mais quand on connait la soumission aux puissances d'argent et l'esprit propagandiste des médias actuels,ça fait plutôt rigoler.Il faut souligner la qualité d'un casting de haute volée dominé par un Russell Crowe fantastique en baroudeur journalistique,sorte de hippie sur le retour qui connait tout le monde et sait à merveille se débrouiller dans le marigot des arcanes de Washington.Ben Affleck est très convaincant en politicien énergique et manipulateur,et Robin Wright est parfaite en épouse bafouée mais digne.Il y a aussi Rachel McAdams,délicieuse en jeune reporter volontaire et Helen Mirren,excellente en patronne de presse soumise à toutes sortes de pressions.Jeff Daniels est très solide en vieux routier de la politique vicelard à souhait et Jason Bateman effectue un grand numéro de demi-sel camé et complètement flippé.De vraies gueules meublent l'arrière-plan,de Michael Berresse,sorte de sosie de Steve Carrell,en tueur implacable,à Harry Lennix en flic désabusé,en passant par David Harbour en mercenaire repenti,Zoe Lister Jones en petite voleuse junkie et Michael Jace,déjà policier dans la série "The Shield",en officier jovial et plein de bravoure.

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le 24 avr. 2021

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