Pourquoi les japonais sont-ils aussi faiblards en terme d’adaptations cinématographiques de leurs mangas ? On ne sait pas trop, pourtant le public est là et en (re)demande. Nous auraient-ils enfin entendus ? Il semblerait bien que oui, un gros paquet ayant été confié à des réalisateurs de renom comme Takashi Miike, comme c’est le cas ici, ce qui pourrait dépiter les cinéphiles pisse-froid, mais nous garantit un résultat final qui tient la route, comme avec le génial Tokyo Tribe, ou plus anciennement God’s Puzzle. As The Gods Will pourrait de prime abord faire craindre le pire, avec son pitch assez proche de Saw ou de l’exécrable TV Show de Hideo Nakata; une bande de lycéens sont piégés dans des cubes flottant dans le ciel où ils sont confrontés à des énigmes fatales. Pourtant, le métrage a une particularité qui suscite aussitôt la sympathie, les héros sont en proie aux dieux issus du folklore nippon, provoquant non seulement un agréable dépaysement, mais aussi des situations surréalistes et drôles, au point que les deux heures paraissent en durer moitié moins. Imaginez un chat tout mignon qui voudrait qu’on lui gratte le dos mais qui a défaut dévore sans faim chacun des participants, ou encore des figurines amusantes en bois qui, lors d’une scène éprouvante au possible, écartèlent une jeune femme en rigolant; avouez que le contrepied est bien trouvé, et cela c’est sans parler de l’intelligence des énigmes diablement coriaces, voire tordues au paroxysme. Nul doute que les aficionados de gore sadique y trouveront largement leur compte, celle d’ouverture étant une petite joie avec des têtes d’étudiants qui éclatent en veux-tu en voilà dans une salle de classe, où le blanc immaculé des murs ne devient très vite qu’un vague et lointain souvenir.
Bonus non négligeable, les CGI sont une pure réussite, avec une direction artistique s’inspirant de l’animation traditionnelle, comme par exemple le stop-motion, sans chercher à en faire des tonnes, complétant la trame sans chercher à la supplanter.
La narration n’est pas en reste, mais difficile d’en dire trop à ce sujet, sachant que l’ensemble repose sur des rebondissements multiples. On retiendra cependant l’apparente simplicité de l’histoire, qui gravite en majorité autour de trois personnages, voire deux, plutôt que aller dans tous les sens, en résulte quelque chose de très propre sur la cruauté humaine et son opposé, la bonté, qui s’entrechoquent avec virulence tout au long de la bobine.
As The Gods Will est un nouveau grand succès nippon en terme d’adaptation cinématographique de manga. Léché au possible dans sa direction artistique, il est à la fois beau, drôle, cruel, brutal, en somme une oeuvre complète et extrêmement acerbe à l’encontre de ce que l’on appelle « la bonté divine »; il en faudrait peu pour que l’on puisse le qualifier d’essai théologique…


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SlashersHouse
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le 17 août 2015

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