Si le film dit totalement la vérité, je ne le sais pas, et je ne le pense pas totalement. Ce que je sais, c'est que le film détruit un mythe inacceptable par un autre mythe et qu'il le fait brillamment. Et si le film ne dit pas à 100% la vérité, il en reste un appel à cela, et c'est peut-être bien l'appel le plus important du cinéma, explicité par le regard caméra spontané de Costner à la fin de sa tirade majestueuse sur le désir ardent de la transparence et ces merveilleux mots inscrits au générique de fin : "Dédié à la jeunesse en qui survit la quête de vérité". Le film est une véritable leçon civique, et si le personnage de Costner ne représente peut-être pas le juge réel qui, parait-il, est un peu plus névrosé et suspect, il incarne cette volonté du cinéaste à briser une vérité fallacieuse d'Etat, et à guider le peuple dans cette lucidité d'esprit. Je vais peut-être parler comme un enfant ou comme une âme influençable, mais il est possible que ce film vient de bouleverser en moi certains buts, certaines conceptions du monde.
Si le film est important politiquement, il est aussi une virtuose prouesse cinématographique. Le rythme ne s’essouffle pas une seconde lors de ces grandioses trois heures vingt-cinq, et Kevin Costner est formidable, et livre un véritable exploit dramatique dans sa longue plaidoirie finale, en digne héritier de Stewart avec Capra, l'idéalisme en moins, la lucidité en plus. Le thriller n'est pas grandiloquent, mais d'une grande intensité car jamais les enjeux n'ont été si importants et réels.
De ce fait, j'ose affirmer que nous tenons là un des films les plus importants de l'Histoire.