Kafka chez les Yankee...
Voilà, sur fond d'hagiographie assez forcenée de Kennedy - l'idéaliste pacifique abattu par une conspiration au sommet - , un film labyrinthique où explose un monde partant dans tous les sens, qui vaut beaucoup plus par sa capacité à faire réfléchir sur les arcanes du pouvoir que par sa vérité historique. Le film est en réalité largement inspiré de faits réels mais le nombre d’éléments rajoutés qui ont été débunkés est très important. La commission Warren est probablement bien plus proche de la vérité que cette longue et brillante élucubration qui relève essentiellement de l'affabulation. Certes structurée et cohérente, (l’interprétation du personnage de Oswald y est adroite et intéressante) mais indigente au final. Pourquoi?
Tout simplement car les multiples bizarreries de l'affaire Kennedy ont été nombreuses à trouver une explication, qu'il s'agisse par exemple des clochards de Dealey Plaza, de l'homme au parapluie, etc. oui la commission Warren a ses faiblesses, mais elle n'a fait que conclure ce qu'elle était en droit de conclure. Tout le reste n'est qu spéculation. Nous savons par exemple aujourd'hui que la fameuse "balle magique" ne l'a jamais été et que le coup ayant blessé à la fois Kennedy et le gouverneur a suivi par définition sa trajectoire rectiligne. Après tout , qui nous dit que la commission n'a pas eu juste sur quasiment tout, tout en ayant raisonné de façon discutable (en gros c'est comme en maths on peut obtenir des résultats justes tout en raisonnant parfois faux)
De plus il existe un consensus global aujourd'hui sur le fait que la commission Warren est ce qui est le moins éloigné de la vérité dans cette affaire
la thèse soutenue, du moins en apparence, selon laquelle l’assassinat de Kennedy procède d'un complot fomenté au plus haut niveau n'est pas tenable. Et ne le sera jamais . Un demi siècle après, si cela avait eu lieu, on aurait toujours pas les preuves? Inconcevable... Si la commission a été brouillonne et approximative sur des points ce n'est pas en raison de l'existence d'un complot mais de la peur d'en découvrir un. Ce qui au vu de la situation internationale de l'époque aurait.... .....
Le film est involontairement comique à certains moments : jubilatoire Joe pesci... iconoclastement décalé par l'idée que des milieux gay auraient été plus ou moins liés au complot...
Pendant une heure et demi on est plutôt tenu en haleine, puis quand arrive Sutherland qui nous noie par son speech dans un tourbillon d'info dont on ne retient pas grand chose, ça vire quand même au grand guignol... et l’œuvre devient alors un monument de complotisme, colossal , titanesque...
Vu la version courte, curieux de voir quand même les ajouts de la longue...
Ambitieux, brillant, mais historiquement en grande partie à la ramasse... Avoir avant tout comme une fiction sur les rouages de l'état profond.