Trois heures et demie pour la director's cut. Une durée qui passe pourtant en un éclair tant l'enquête est prenante, tant le rythme est soutenu, tant le doute s'instille sur ce qui relève du complot mis à jour et ce qui n'est que pur fantasme d'auteur. A sa sortie, le film avait défrayé la chronique, provoquant les ires d'énormément de médias affilié au gouvernement, choquant le public patriote que l'on puisse présumer de la culpabilité du gouvernement américain dans l'assassinat d'un de ses présidents, faisant d'Oliver Stone la cible d'insultes et d'accusation viles, allant jusqu'à comparer l'homme à Hitler pour sa manipulation des faits. Et pourtant, le film a aussi eu l'effet de raccourcir la période de scellé des documents officiels entourant l'assassinat, faisant passer la cession au public de 2029 à 2017. Un impact énorme donc. Et trente ans après, dans un monde où l'information est plus déformable que jamais, où son filtrage se fait par algorithmes et où la confiance n'est qu'une valeur d'antan, l'impact de JFK est toujours aussi puissant sur son spectateur.
Grâce à ce casting énorme, la musique de Williams, le scénario touffu mais savamment étalé sur la durée du métrage, le plaidoyer final de près d'une heure de Costner qui ravira tout fan de courtroom drama, la documentation colossale qui a servi à l'élaboration de la théorie présentée, l'usage d'images d'archives - entremêlées à des reconstitutions, et ce rythme, toujours haletant... Grâce à tous ces éléments, et bien d'autres encore, JFK vient se poser là, comme meilleur film d'Oliver Stone, et comme l'un des incontournables du thriller politique.