A première vue, Jicop le proscrit présente une trame assez classique à partir d'un homme qui a fui son foyer, est devenu hors-la-loi puis est revenu pour connaitre son fils et obtenir une sorte de rachat en tournant le dos à son passé et en gagnant le respect de ce fils. On devine tout de suite que l'issue sera fatale.
L'ennui, c'est que le réalisateur se préoccupe à l'excès de traduire la complexité de ses personnages lourdement chargés de sentiments ; les complications psychologiques de ce western sont apparentes dans une forme d'intrusion d'éléments psychanalytiques qui voilent l'intérêt d'une histoire finalement un peu étrangère au décor rugueux de l'Ouest, ça pourrait se passer n'importe où sauf dans l'Ouest. Il s'agit d'un conflit entre un père et un fils qui dans sa première partie a du mal à avancer, mais passé un certain cap, entraine sa mécanique infernale et devient plus séduisant. Le film est tourné à moitié en studio et à moitié en décors naturels avec un budget visiblement réduit, dommage que le noir & blanc ne mettent pas en valeur un décor de gros rochers qui peut rappeler celui de Winchester 73, sauf que Henry Levin n'est pas Anthony Mann et qu'il ne filme pas ces rochers d'une façon trop "nature".
Le film qui peut j'en conviens, ennuyer par moments avant de se reprendre brillamment, offre à Jack Palance un de ses rôles les plus complexes, il est bien secondé par un Anthony Perkins convaincant et une équipe de "sales gueules" qu'on aime bien retrouver en western : Robert Middleton, Neville Brand, Lee Van Cleef, Elisha Cook...
Un western surprenant, plus cérébral, qui donne une nouvelle définition du héros, c'est proche du sur-western, tout en sacrifiant à quelques codes du genre.