Fin des années 40. James Picard, un Indien Black Foot, est victime de vertiges, de gênes visuelles et auditives, de maux de têtes... Interné dans un hôpital psychiatrique, il subit une série de tests qui tendent à prouver qu'il n'est pas malade physiquement. Et puisque ça ne semble pas relever directement de la psychiatrie... ça pose problème. On fait alors appel à un ethnologue, Georges Devereux, personnage un peu excentrique (comme tous les personnages interprétés par Amalric chez Desplechin).
Commence alors une psychanalyse que nous suivrons pratiquement pas à pas. Ce que beaucoup vont reprocher au film, d'ailleurs : de n'être qu'une suite de dialogues où l'un va raconter ses rêves et l'autre va le forcer à se bouger le fion. Mais vous vous attendiez à quoi ?
D'abord, c'est du Desplechin, pas du Michael Bay. Si on connaît le gaillard, on sait bien qu'il ne faut pas s'attendre à un film d'action. Desplechin, ça veut dire des personnages très fouillés et un peu originaux (de cette originalité qui fait grincer des dents dans les grandes familles), des dialogues bien écrits et des gros plans sur les visages, à la capture des émotions. C'est exactement ce que nous montre ce film. Pas de surprise.
Et puis, le titre nous donne quelques indications précieuses quand même : il y a le mot "psychothérapie". Par définition, une psychothérapie, c'est un processus long, lent, presque imperceptible, qui exclut tout événement marquant ou flagrant. Ici, on ne découvre pas la vérité par surprise, en un formidable twist accompagné de violons. On a une psychothérapie, c'est-à-dire un dialogue qui vise à trouver l'origine des troubles d'une personne.

Donc, pas besoin de jouer aux vierges effarouchées sur le thème : mais il ne se passe rien, il n'y a que des dialogues. Ben, c'est normal, m'sieur-dame. Mais ces dialogues sont quand même de belles réussites. Les deux acteurs principaux sont extraordinaires. Le scenario est plutôt bien construit. En gros, c'est du très bon travail.
En plus, le film aborde divers thèmes habilement développés, entre autres celui des différences culturelles. Une psychanalyse se déroule-t-elle de la même façon selon les différents peuples ? Peut-on interpréter des rêves de la même manière avec un Européen ou un Amérindien ? Les psychiatres qui étudient le cas Jimmy, au début du film, avouent qu'ils ne savent pas comment réagi un esprit Black Foot.
En plus, Desplechin s'amuse à établir des liens entre les deux personnages (au-delà des liens déjà complexes entre un analyste et son patient, bien sûr). Deux solitaires privés de leur culture d'origine : Jimmy est un Indien qui tente le plus possible de vivre en Blanc, mais qui n'en sera jamais un. Georges est un exilé d'Europe centrale, juif ayant fui les persécutions nazies, mais qui n'arrive pas à s'implanter sur le sol états-unien.
La question qui pourrait subsister serait celle-ci : est-ce qu'une psychanalyse peut constituer un objet cinématographique. Desplechin nous montre que oui. Et même si ça ne permet pas au cinéaste de réaliser son meilleur film, même s'il faut aimer les films lents et dialogués, et bien c'est un bon film.
SanFelice

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