En vous promenant sur une colline, en contemplant un nuage se déliter dans un ciel orangé, en écoutant le chant des grillons un soir d'été, en profitant des premiers rayons du soleil dans les flocons étincelant, parfois, vous êtes pris au dépourvu.
Un sentiment que vous n'aviez pas anticipé vous envahit, il peut s'agir de mélancolie, parfois d'un sentiment de victoire ou de jouissance, la simple contemplation ou le passage d'une idée saugrenue : vous voilà touché, ému.
Il parait que Jiro Dreams of Sushi est un documentaire, c'est plutôt le portrait d'un homme, c'est une belle tentative de capturer, de cristalliser un homme, son monde. Jiro n'est pas une force de la nature, mais il vous semble vieux et indéracinable, il n'est pas serein et pourtant tout est parfaitement orchestré autour de lui, il n'est pas prétentieux et pourtant c'est un homme fier, sévère, qui ne se pardonne pas, qui veut se dépasser, continuer à créer, qui ne veut pas s'arrêter malgré ses 85 ans. C'est aussi une légende qui pèse sur ses deux fils qu'il a poussé avec vigueur vers le sushi.
On recherche donc l'excellence, on veut sans cesse repousser les limites et pourtant il y a tout ce poids de la tradition en arrière fond, petite touche surannée. On est avec eux en cuisine, on rencontre les fournisseurs, un critique culinaire, quelques clients et les sushis brillent avec sauce brune sur la pierre sobre. On en veut plus, il nous semble les connaître, les comprendre, on salive et on s'attriste du passage du temps.
Vous n'apprendrez pas forcement beaucoup mais vous ressentirez intensément en compagnie de cet homme qui dans ses rêves, crée de nouveau sushis, dans ses rêves où nous voudrions nous perdre.