Alors qu'il rencontre le succès auprès du milieu underground américain ainsi qu'un succès plus populaire et inattendu en Europe (notamment en Italie où La Montagne Sacrée finit à la seconde place du box-office annuel derrière le nouveau cru Bondien :shock: ), Jodorowsky se voit donner carte blanche par Michel Seydoux pour un nouveau projet. Se basant uniquement sur ce que lui on rapporté des amis, le cinéaste porte son choix sur le roman de Frank Herbert, Dune. C'est que le chilien a un projet : retourner le cerveau du public à un niveau jamais atteint jusqu'alors avec cette idée de faire ressentir au spectateur une expérience équivalente à une prise de LSD. L'histoire est malheureusement bien connue. Faute de financements, le film tombe à l'eau après des mois de développement devenant au fil du temps un mythe cinéphile inspirant d'une manière parfois non avouée de nombreux cinéastes jusqu'à aujourd'hui encore.
Le film de Frank Pavich se propose donc de raconter cette épopée en revenant sur les différentes étapes du développement. On regrettera que le documentaire se révèle finalement assez pauvres en nouvelles révélations mais il faut lui reconnaître l'intérêt de mettre enfin en commun les différentes informations que l'on pouvait glaner de ci de là et de trier entre le mythe et la réalité en faisant intervenir les différents protagonistes du projet encore en vie (à l'époque du tournage). Riche en anecdotes souvent très drôle voire incroyable, à l'image du recrutement de Dali ou d'Orson Welles, le documentaire se montre passionnant en nous dévoilant une somme d'éléments sur le scénario ou la mise en scène envisagée (ce plan séquence d'ouverture qui devait traverser la galaxie !!!) grâce à des interventions de qualité (hormis celles du toujours égocentrique et définitivement incapable de parler du cinéma qu'il prétend aimer Nicolas Winding Refn) de Giger à l'improbable (et pourtant pertinente!) Amanda Lear.
Mais Jodorowsky's Dune est avant tout le portrait d'une certaine conception de la manière de faire du cinéma, de l'art et de vivre sa vie. Celle d'un homme excessif, fou furieux, dont la sincérité et la personnalité attachante illumine tout le film. C'est aussi le portrait d'une époque et de son foisonnement artistique. C'est sans doute la plus grande qualité du film, que l'on pourra trouver un peu trop de « parti pris » (on regrettera en effet qu'il se montre paradoxalement très classique dans sa construction, ainsi en opposition avec son sujet, et élude la question des éventuelles zones d'ombres de Jodo), l'impression de se retrouver embarqué dans une folle aventure créative dont finalement peu importe l'aboutissement tant le chemin aura été passionnant.
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