Pas facile à suivre, le Nico. A chaque fois qu'on le pense à jamais prisonnier d'un cinéma de plus en plus navrant où seul surnage son génie capillaire, le voilà-t-y pas qui nous sort une partition magistrale de derrière les fagots. Mais dès la première syllabe du mot "comeback" prononcée, le voilà repartit dans les limbes du WTF le plus improbable.


Toujours est-il qu'il livre avec Joe une de ses performances les plus touchantes, les plus habitées, tout en étant d'une parfaite sobriété en loser magnifique prêt à péter une durite à la moindre escarmouche, boule de rage contenue qui ne demande qu'à exploser à la face du monde.


Remarqué dans le superbe Mud (auquel on pense forcément), le jeune Tye Sheridan est également excellent dans son rôle d'ado prêt à tout pour s'émanciper d'un père alcoolique et violent, à la limite même de la sociopathie. Version juvénile du personnage incarné par Cage, lui aussi bouffé par la haine et la colère, il compose avec ce dernier un duo extrêmement attachant, leur relation étant le point fort du film.


Naviguant jusque là entre stoner comedy et productions indies, le cinéaste David Gordon Green signe ici son oeuvre la plus réussie, l'aboutissement de sa vision d'une Amérique laissée sur le bord de la route qu'il avait déjà décrite sous l'angle du conte cruel avec L'autre rive, et sous un angle plus décalé avec son précédent Prince of Texas.


Malgré un léger manque de subtilité et la désagréable impression que le film arrive un peu tard (Gran Torino semblait déjà s'être pas mal inspiré du roman de Larry Brown, d'où un sale air de déjà vu), Joe est une oeuvre intéressante et fragile, aussi émouvante qu'elle peut-être dure, triste constat de ce qu'un environnement toxique peut faire sur les individus, le tout mis en scène avec un véritable talent.

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le 29 mars 2015

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Gand-Alf

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