Joe est un homme brutal dont les journées se résument sur une page A4. Il travaille, et essaie d'oublier son passé en prison. Sa vie change radicalement quand il rencontre Gary, jeune homme robuste, fils d'un père alcoolique, sot et violent. Il va tenter de le protéger de son entourage malsain et de lui apprendre ce qu'un homme doit savoir faire pour survivre. Joe devient une sorte de père spirituel, cherchant à éduquer Gary pour devenir l'homme qu'il n'est pas. Il s'y identifie et le guide dans la vie.
Les personnages présentés sont intéressants, les caractères sont dévoilés au fur et à mesure de l'histoire. Mais tout ça n'est pas très subtil: Le film se construit sur la base d'un schéma manichéen, des personnages torturés et caricaturaux assumés par le réalisateur.
On a donc affaire à des protagonistes et antagonistes simples.
Non, rectifions. Il n'y a pas d'antagonistes. C'est une histoire réaliste, on ne nous propose pas un dilemme aussi simples que dans les westerns. C'est un atout majeur au film: Tous les personnages ont une nature simple, mais une fonction complexe.
Ce ne sont pas des antagonistes, ni des personnages subsidiaires. Chaque rôle emboîte un autre, ce qui mène au final à une conclusion qui marque ces derniers.
On comprend donc pourquoi les personnages ne sont pas très poussés: ce n'est pas là-dessus que repose le film.
Le film ne se joue donc pas sur la caractérisation des personnages mais sur leur avancée psychologique.
L'ambiance du film est sombre. L'atmosphère est très lourde. Les paysages sont un mélange d'urbanisme et de ruralité, le tout très sale et repoussant. Mais le réalisateur a décidé de relâcher la tension pendant une dizaine de minutes, histoire de poser les personnages dans une certaine stabilité, qui malgré tout, reste très bancale.
Reprenons quelques minutes plus tôt. Le personnage apprend que le garçon a eu des problèmes. La tension monte, le héros prend sa voiture,... et va donc voir ses copines pour s'amuser un peu. Rien de plus normal. Attendez. Musique stressante, personnage en colère, voiture à fond, juste pour aller se détendre chez des amies ?!
OK, ce n'est pas grave, on est juste un peu déçu par cet accès de colère inutile. Puis, ensuite, comme je l'ai déjà dit, la tension baisse et Joe retrouve Gary pour lui parler dans la forêt. Musique douce, sereine, puis quelques minutes plus tard, un nouveau problème qui déstabilise totalement le spectateur, pour le faire plonger dans l'atmosphère sombre de début de film.
On découvre l'une des meilleures prestations de Nicolas Cage; ce n'est pas un squelette en feu ni un tireur d'élite, mais un simple bûcheron en quête de rédemption. Le personnage classique de film réaliste, terme qu'il n'avait jamais abordé jusque là. On n'oublie quand même pas son incroyable performance dans Sailor et Lula, petit bijou de David Lynch.
Tye Sheridan joue Gary, le gentil garçon désirant aider ses parents. On note ses apparitions dans Mud et The tree of Life, deux des films d'auteurs qui se concentrent sur les personnage et leur avancée psychologique. Son jeu d'acteur ici est foncièrement bon, variant les expressions faciales, souvent très radicales. Il confirme son potentiel et pourrait bien être une révélation pour le cinéma Américain.
On se souviendra d'une très bonne prestation de Gary Poulter, qui joue le père alcoolique.
/ATTENTION SPOILER/
A la fin, Joe meurt pour Gary, après avoir tué indirectement son père et tous ceux qui menaçaient son avenir. C'est comme un sacrifice, et en dernier plan, on a une très belle métaphore, où la forêt coupée sous la direction de Joe est désormais remplacée par une plantation de jeunes pins. C'est une très belle représentation du film et du combat de Joe.
Au final, on a un film réaliste, doté de personnages simples et caricaturaux mais qui suivent un parcours cohérent et complexe, le tout avec une mise en scène sobre qui filme les émotions des personnages avec efficacité.
Note: 13,5/20