Avec ses quelques références à la Nouvelle Vague, la présence du chabrolien Gérard Blain et ses séquences tournées dans la rue, José Benazeraf présume-t-il de se placer dans le sillage des cinéastes avant-gardistes? Son personnage principal invoquant le "Caligula" d'Albert Camus -que je n'ai pas lu- donne-t-il au film une aura intellectuelle?
Oups...on est bien loin de tout ça. Cette histoire grotesque de guerre de gangs suinte la prétention artistique. D'abord, le style est tellement affecté et maniéré qu'on ne sait pas trop si Benazeraf se prend au sérieux ou parodie quiconque. Sa bande de gangsters menée par le féroce Joë Caligula a tellement l'air irréel qu'elle semble tout droit sortie d'un épisode des Monty Pythons (qui n'existent pas encore, je sais).
Personnages figés, dialogues très clairsemés, réalisation... tout en lenteur, la mise en scène est un long chemin de croix...Benazeraf réussit même l'exploit de rendre ennuyeux l'interminable strip-tease de deux jolies demoiselles! Ses personnages parlent peu et c'est tant mieux pour eux, parce que les textes et les comédiens sont nuls.
En réalité, Benazeraf semble avoir l'ambition, si j'en juge par le dénouement, de filmer une tragédie épurée, dont le sens est ici masqué par la médiocrité ou les ridicules de la réalisation. Il y a des nanars qui sont plaisants par leur sottise ou leur ineptie; celui-ci n'est malheureusement rien d'autre qu'une coquille vide, une chose inerte et soporifique.