Ce film très méconnu du réalisateur suédois Bo Widerberg est inspiré de la vie de Joseph Hillström, suédois également, qui a émigré aux Etats-Unis au début du XXème siècle avec son frère, a connu la misère à New-York puis quitté la ville pour trouver du travail. Au fil de ses pérégrinations, il fait diverses rencontres, dont celles de représentants d’un syndicat dont il épouse la cause. Revenu à New-York, il est accusé d’un double meurtre : un commerçant et son fils. Son cas est relaté par les médias et son exécution fait suffisamment de bruit pour que l’homme passe à la postérité sous le nom de Joe Hill, son patronyme américain.
Si le film mérite d’être découvert, j’espérais quand même un peu mieux au vu des quelques notes attribuées sur le site. La première partie est intéressante parce qu’elle montre la ville de New-York telle qu’elle pouvait apparaitre aux yeux des migrants arrivant là complètement démunis. C’est le rêgne de la débrouille, Joe faisant par exemple la connaissance d’un garçon d’une dizaine d’années surnommé le renard, parce que sa petite taille lui permet de se glisser un peu partout. Il n’a aucun état d’âme, il sait ce qu’il veut, se faire autant d’argent qu’il peut en chapardant ce qui est à sa portée. Il se fait fort de manger un chapelet de saucisson ou de revendre des couverts en argent, des bijoux ou des bibelots. Aucune éducation, portant Joe semble commencer à s’attacher à lui. Autre rencontre, celle de Lucia dans les coulisses d’un opéra. Belle scène dans un escalier où le hasard les met en présence parce qu’ils veulent du spectacle : un opéra de Verdi. Les immigrés italiens, le cinéma les a beaucoup montrés et ils sont effectivement là, le film rappelle qu’il n’y avait pas qu’eux. Si la Mafia s’est organisée, toutes les nationalités se côtoyaient, chacun cherchant à survivre, trouver un toit, manger, etc.
Les circonstances et le hasard font qu'il revient à New-York pour se faire accuser de meurtre. La dernière partie du film montre ce procès où la défense lui convient si peu qu’il décide de l’assurer lui-même. Mais, la façon dont les choses se passent, du moins ce qu’en montre Widerberg, laisse entendre que tout était plus ou moins joué d’avance. On peut imaginer que, pour calmer le peuple, il falait un coupable et que Joe convenait bien. On remarque d’ailleurs que les amis syndicalistes de Joe se posent la question de savoir s’il vaut mieux pour eux que Joe soit exécuté ou non. Il n’y a pas de réponse ferme, mais l’exécution de Joe en fait une sorte de symbole, presque de martyr, alors…
La figure de Joe Hill mérite la découverte. Le personnage, interprété par Thommy Berggren est un jeune homme au visage charmant, cheveux chatains clair, regard franc, il a de quoi plaire. Par contre, le film se montre assez vague sur les raisons qui le poussent dans ses différents déplacements, même si son arrivée aux Etats-Unis est évidemment motivée par l’espoir d’une vie meilleure. Que le réalisateur ait voulu montrer la succession des événements qui ont fait de son nom un symbole, pourquoi pas. Mais arriver à la conclusion que seul le hasard et les circonstances l’ont amené à épouser la cause syndicaliste, c’est un peu décevant. Le film est placé sous le signe d’une phrase attribuée à des ouvrières en grève à Lawrence que je reprend dans mon titre. Joe Hill conclu son message d’adieu en disant Bonne chance à tous, ce qui me parait révélateur. Il a tenté sa chance, aux Etats-Unis, au travail, auprès des femmes, en se défendant au tribunal et dans les revendications d’un syndicat émergeant. Dans des circonstances différentes, qui sait ce qu’il aurait pu devenir ?