Joe Kidd est mal aimé. Il faut dire qu’avec John Sturges aux manettes (Les Sept mercenaires, Règlements de comptes à OK Corral pour ne citer que deux de ses nombreux et excellents westerns), Clint Eastwood en vedette (il sort de L’Inspecteur Harry), Robert Duvall et John Saxon à ses côtés, puis quelques bonnes tronches dans les seconds rôles, on était sûrement en droit d’attendre un film d’une ambition bien supérieure à ce petit western de série B.
S’il n’est pas particulièrement trépidant et si les intentions et évolutions des différents personnages manquent de clarté, l’ensemble se regarde sans aucun ennui (le tout est, il faut le dire, bouclé en moins d’1h25). Décors minimalistes propres aux films se déroulant au Nouveau-Mexique, paysages sublimes, quelques péripéties bienvenues font oublier la grande faiblesse du scénario, le manque de bons mots, les revirements peu compréhensibles de situations et la faible épaisseur des personnages. C’est forcément décevant avec autant de matériel sur la table.
L’ensemble n’est pas désagréable mais c’est sans surprise après une entrée en matière prometteuse. John Sturges peine à sortir de son classicisme quand il essaye de lorgner du côté du western spaghetti. Clint Eastwood est, quant à lui, plus à l’aise dans les univers baroques. Chacun cherchant sa place, le résultat ne peut forcément qu’être bancal. Ce n’est pas mauvais (c’est même bien moins mauvais qu’on ne peut le dire et le lire) mais c’est un Eastwood et un Sturges mineur en dépit de quelques trouvailles plutôt réussies.