Joe La Crasse a la poisse. Non seulement c’est son vrai nom, mais il est affublé d’une coupe mulet (ou une perruque, c'est ce qu'il affirme) et il est à la recherche de ses parents, qu’il a perdu lors d’une excursion au Grand Canyon. Adulte, il est devenu un concierge pour une maison de radio. Jusqu’à ce petit bonhomme se fasse repérer par les animateurs, qui vont l’interviewer pour lui faire raconter son parcours. Le but, se moquer de ce petit bouseux poissard.
Le looser américain est une figure habituelle de la comédie américaine, celui à qui il arrive mille ennuis, mais qui arrivera à s’en sortir, dans un relent mal digéré du rêve américain, tout est possible tant qu’on s’accroche.
Joe La Crasse enchaîne péripéties sur péripéties, dont il est en partie responsable. Le registre est un peu gras, volontairement scatalogique, après tout, c’est dans son nom. Mais son intelligence à lui, elle est humaine. Il est toujours prêt à aider les plus démunis, que ce soient un chien dont les testicules sont collés sur le perron à cause du froid (ouch) ou un jeune indien dont la vente de feux d’artifices mériterait un peu plus de poudres.
Et c’est là la réussite du film, cette nuance. Au début on se moque avec l’animateur de radio, avec les auditeurs de plus en plus nombreux. Et puis, progressivement, dans un élan collectif, on compatit. Joe La Crasse est un peu paumé, mais il a le coeur sur le main. Le film est gras, mais il y a aussi de l’émotion sous cette couche de beurre.
David Spade est l’acteur principal, mais aussi le scénariste. Il sait où il emmène son personnage. Habitué des seconds rôles malgré une certaine présence à l’écran, Joe la crasse est pour lui l’occasion de démontrer ce qu’il sait faire. Mais même s’il est l’acteur principal il partage très bien l’affiche. Le reste du casting est de qualité, avec quelques acteurs secondaires mais intéressants, qui ne tirent pas le film vers le bas : Brittany Daniel, Dennis Miller, Adam Beach, Christopher Walken ou Erik Per Sulliwan.
Joe la Crasse a connu une suite en 2015, moins appréciée. L’original est à conseiller, dans son jeu d’équilibre habituellement fragile entre humour potache et empathie pour son personnage.