L'amour à l'envers.

Après une nuit passée ensemble après une soirée dans un bar, sans qu'ils ne se connaissent, un homme et une femme vont s'interroger sur la suite à donner à cette histoire.

A l'origine, John & Mary était pour Peter Yates un moyen de tourner autre chose que de l'action ; il pouvait ainsi s'essayer à la romance après les pneus de Bullitt. D'ailleurs, le film avec Steve McQueen a avalé le reste de sa carrière, et il serait dommage d'oublier cette réussite, qui est une histoire d'amour se déroulant sur une journée, et qui forme une boucle. Car au fond, elle démarre à l'envers, avec deux personnes qui ne savent pas comment l'autre s'appelle, mais qui vont vouloir s'aimer après avoir grillé les étapes en quelque sorte. Le film est tiré d'un roman, ce qui explique les voix off, mais ç'aurait aussi bien pu être une pièce de théatre, car l'essentiel de l'action se passe dans l'appartement de Dustin Hoffman, et où Mia Farrow semble ne jamais pouvoir quitter les lieux car elle y revient sans arrêt pour une raison ou une autre. Le récit est également narré en flashback qui explique un peu le passé proche des personnages, elle maitresse d'un homme politique et lui paumé dans une liaison qui s'enlise.

Tout cela pourrait faire penser à une comédie romantique des années 1950 si seulement ça ne se passait pas en 1969, avec Mia Farrow que l'on voit nue (de dos) deux fois, et des discussions qui montrent un engagement politique de sa part, surtout à cause de sa liaison, mais on la sent paumée. Au contraire de Dustin Hoffman qui fait le mec sûr de lui mais qui est plein de doutes. D'où les voix off qui sont parfois drôles, comme Mia Farrow qui se demande si le type avec qui elle a couché a déjà quelqu'un vu la taille de son appartement, alors qu'il s'agit d'un ancien studio de peintre, et ainsi de suite.

La surprise est d'autant plus forte que le film ne semble pas avoir un succès critique, que ce soit sur le site ou ailleurs et que malgré son succès commercial à sa sortie, il semble totalement occulté. Mais j'ai totalement marché sur cette romance qui semble ouvertement regarder vers A bout de souffle (Mia Farrow est coiffée comme Jean Seberg), ou un montage qui utilise aussi bien les arrêts sur image que les plans arrêtés sans oublier cette idée géniale qui est de faire des flash-forward sur ce que feraient les personnages si ils faisaient tel choix.

John et Mary montre que la comédie romantique n'est plus seulement bucolique, lyrique, mais qu'elle se plonge dans quelque chose de plausible, avec des gens qu'on pourrait croiser. Et avec deux acteurs aussi beaux et charismatiques, comment ne pas craquer ?