Fonctionnant souvent comme une bulle de rêve qui vient s’emparer d’un réel froid et ennuyeux (La famille, le voisinage, l’architecture) à l’exception de cette amitié et ses codes secrets (Les messages dans l’ascenseur dont on ne saura jamais le contenu, l’iPod oracle, le faux prénom commun) John From dégage une certaine chaleur, à l’image de la richesse de ses couleurs, son éclectique bande-son pop, agréable le temps d’un instant avant qu’on s’en détache au suivant.
J’ai pensé à Wes Anderson, essentiellement, mais aussi à Aki Kaurismaki, tant leur cinéma se complait aussi dans la vignette, la géométrie du cadre et les couleurs franches – S’il m’arrive d’être admiratif, j’y reste aussi très en retrait. Visuellement c’est donc très beau, mais il y a quelque chose d’un peu trop propre et maîtrisé là-dedans, qui m’en garde systématiquement à distance.
Je pense que ce sont les échappées oniriques qui m’ont le plus parlé, cette impression d’un Lisbonne transformé en fantasme mélanésien (Relié à l’exposition du voisin dont Rita, 16 ans, tombe éperdument amoureuse) tout en masques, peintures et déguisements.
Enième conte d’été et variation autour du passage à l’âge adulte, John From m’a beaucoup fait penser à cette grande série de téléfilms Tous les garçons et les filles de mon âge, principalement Travolta et moi (Patricia Mazuy) et Us go home (Claire Denis). Si le film de Joao Nicolau n’atteint pas leur beauté, on retrouve cette même sensibilité flottante, cette liberté de ton qui l’éloigne des portraits classiques.
Et puis il y a quelques idées de génie qui marquent un peu : Le balcon de Rita qu’elle remplit d’eau pour lui donner les apparences de plage, qui entre en écho à cette étrange expo de Mélanésie inondée. Ou cette réunion de copropriété (Qui rappelle Les bruits de Recife) dans laquelle chaque propriétaire semble plus éloigné l’un de l’autre que ne le sont le Portugal et la Mélanésie, l’artiste d’âge mûr et l’adolescente face à ses premiers émois.