20 ans après Rambo III, Stallone renvoie son personnage emblématique de la culture US vers un ultime voyage vers l'enfer, un ultime baroud d'honneur en suivant l'actualité, car le conflit qu'il décrit est bien réel, il s'agit des juntes militaires en Birmanie, un pays jadis beau mais ravagé par la guerre d'une atrocité sans nom. Il croyait en avoir fini avec John Rambo et ses démons, et d'ailleurs, au départ il ne devait pas écrire ce scénario, ni réaliser ce film, mais devant la défection de Renny Harlin avec qui il avait fait Cliffhanger et Driven, Sly s'est résolu à le réaliser lui-même, c'est donc le seul film de la saga où il s'implique totalement en coiffant les casquettes principales de réalisateur, producteur, scénariste et acteur, et il décide de montrer l'inmontrable.
Je me suis demandé après ma sortie de la salle en 2008 comment son film avait pu passer la censure américaine avec ses images d'une incroyable brutalité, j'étais vraiment surpris de le voir dans cette évolution du personnage très badass rageur et ange exterminateur ; à côté, les Russes qu'il dézinguait dans Rambo II la Mission, c'était du club de vacances. Car là, mon Sly n'y va pas de main morte et montre d'abord la barbarie la plus abjecte, puis le sauvetage d'une équipe humanitaire en usant d'une violence inouïe, viscérale, intense et des scènes de combat d'une cruauté parfois insoutenable ; ça décapite, ça explose des tronches, ça charcle, ça mutile à tout va dans des torrents de sang, je crois n'en avoir jamais autant vu dans un Rambo, d'où ma surprise à l'époque. Bref, âmes sensibles s'abstenir car c'est pas un film pour les chochottes.
Ces scènes très bien réglées, avec des effets spéciaux au top, sont répugnantes mais fascinantes quelque part, je crois qu'il fallait cet hyperréalisme et montrer ce bain de sang qui vire au gore par endroits pour bien dégoûter le spectateur de la guerre qui s'appuie sur une réalité insupportable. Au passage, Sly dénonce les évangélistes et les associations humanitaires qui vont vers le danger sans savoir, d'où une dose humaniste qu'il insuffle discrètement. Au final, j'aime bien ce film, et j'ai aimé ce Rambo usé et résigné à vivre une existence simple dans un coin très reculé, Stallone y est très charismatique sous un visage un peu vieilli mais son tonus est toujours là, et son déchaînement est légitime. On y reconnaît Tim Kang, qui allait ensuite incarner Kimball Cho, le flic qui ne sourit jamais dans la série à succès Mentalist.
C'est un film douloureux, dur et qui heurte en nous mettant en face d'un conflit inhumain, Sly réalise un film brutal, violent, barbare qui au-delà de l'action et des exploits du héros, permet une réflexion amère et un triste constat.

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le 26 févr. 2019

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Ugly

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