A l’instar de Tom Cruise, Keenu Reeves est l’un des derniers gardiens du temple hollywoodien à doubler lui-même ses scènes d’actions. L’acteur propulsé au rang d’icône avait néanmoins finit par avaler la petite pilule bleue, en se cantonnant au même, cultivant les navetons durant une décennie, s’effaçant de la mémoire des gens, comme s’il avait finalement réussi à se fondre complètement dans son costume de man in black qui ne signifiait plus grand-chose aux yeux de l’exécutif et du grand public si ce n’est l’ombre d’un has-been encore engoncé dans les années 90 (Matrix, Johnny Mnemonic). Après s’être lui-même essayé à la réalisation avec Man of Tai Chi et s’être corrompu dans un mauvais remake (47 ronins) du grand Jidai-Gecki de Kenji Mizoguchi (La Vengeance des 47 Rônins), le voilà enfin qui signe son grand retour sur le devant la scène grâce à deux anciens acteurs et coordinateurs des cascades autrefois abonnés au films d’action, de castagne, et même de science-fiction (Expendables, V pour Vendetta, La Vengeance dans la Peau, Matrix, etc…). Chad Stahelski a même commencé aux côtés du regretté Albert Pyun dans des productions seulement connu des initiés et bisseux arpentant les bacs de DVD à 1€ l’unité des Cash Express ou Converters (Spitfire,Heetseeker, Nemesis 2 et 3). Forcément avec une telle équipe derrière, on ne s’attendait pas à regarder du Shakespear, d’autant que ces deux-là connaissent parfaitement leur affaire quant il s’agit de mettre en boîte leur séquences grâce à une fluidité et un découpage qui permet d’apprécier réellement les différents arts martiaux et chorégraphies de combat. L’histoire ne tournera d’ailleurs qu’autour de ça.
Un tueur à gage retraité va se retrouver le doigt pris dans l’engrenage d’une vengeance infernale après qu’un fils de bandit russe l’ai laissé pour mort, tuer son chien et volé sa mustang préféré. La psychologie du personnage est esquissé en à gros traits, que ce soit par un simple mouvement de caméra qui révèle son statut et son deuil maritale ou bien par le biais des nombreuses allusions de ses adversaires qui finira par relever du gimmick comique et scénaristique. L’intrigue est épurée, sans fioriture, aussi droite et nette que son interprète, aussi efficace qu’une bastos dans la tête. La simple évocation de son surnom de « Baba-Yega » suffit à édifier la légende autour de cet assassin surtout lorsqu’un parrain évoque sans détour que ce n’est tant le croque-mitaine mais bien celui qu’on envoie buter le croque-mitaine… John Wick est un homme de peu de mot qui se définit avant tout par ses actes et la froideur de ses exécutions. Il faut bien avouer que l’acteur n’a jamais été très doué pour faire dans le sentimentalisme. De toute manière, Chad Stahelski et David Leitch sont moins intéressés par les états d’âmes de ce dernier puisque le faible drame esquissé leur servira surtout de prétexte et de catalyseur afin de déployer tout un large éventail de scènes spectaculaires, de gunfights et de baston qui coche toutes les cases, clichés et stéréotypes inhérent à ce type de récit (vengeance, alliance, trahison, rédemption). A l’instar du cinéma de John Woo, le film est donc d’abord rythmé par ses séquences d’action.
John Wick ne se limite néanmoins pas à son simple statut d’actionner, puisque ses créateurs en ont profités pour esquisser tout un monde d’assassins aux nombreuses règles et ramifications qui seront d’avantage explicités dans les suites. L’hôtel Continental et tous les éléments qui s’y rapporte de près ou de loin participent à développer cet univers foisonnant en même temps qu’il permet d’étoffer le background scénaristique. Dans son sillage de fumée et de sang, le film emporte également quelques têtes connus telle que John Leguizamo, Ian McShane, ou bien Willem Dafoe. Outre l’influence du polar hong-kongais, c’est surtout celle du jeu vidéo qui se fait sentir dans cette mécanique de prédation, où John Wick essuie les coups et les balles et semblent se régénérer à chaque mise à mort opéré sur un large contingent d’ennemie. On devient vite happé par cette spirale de violence sans fin que le héros n’arrivera jamais réellement à boucler tout au long de la saga. Qu’un gangster affalé devant sa console se fasse littéralement trépaner le crâne par une balle est finalement assez fort de propos. D’une certaine manière, John Wick renoue avec la veine transgressive de la catégorie III et constitue un excellent défouloir thérapeutique pour frustrés. Le spectateur trouvera ainsi le même sentiment d’exaltation devant ces massacres et tueries de masse que les gamers devant leurs jeux vidéos.
Si t'as atterri ici, c'est que toi aussi t'es un vrai dur à cuire qui aime les films de bonhommes. Alors si t’en a marre des féministes et des sitcoms romantiques de ménagères, rends-toi sur l’Écran Barge où tu ne trouveras que des vrais mecs qui portent leur baloches et règlent leurs comptes à l'ancienne en flinguant des hélicoptère avec des bagnoles. De la testostérone, de l'action, des fusillades, et des explosions ! !! !! AVEC DES PATATES PUTAIN !