Le charme d'avoir eu un petit cinéma juste à cinq minutes à pied de chez moi, c'est d'avoir pu essayer sans contrainte pas mal de films sur un coup de tête. Je m'ennuyais un soir et j'avais envie de sortir ? J'allais voir ce qui passe sur les affiches, et si ça m'inspirait, ma foi, c'était parti.
C'est comme ça que j'ai fait la connaissance de John Wick.
Pourtant, la rencontre n'allait pas de soi. J'appréciais Keanu Reeves, mais ça faisait un bail que je ne l'avais pas vu dans un production de qualité. Je ne connaissais pas les réalisateurs, le résumé me semblait fort succinct aussi. À quel type d'action allais-je bien pouvoir assister ? Oh, ma foi, au pire, j'aurais passé un peu de temps hors de chez moi. J'ai donc pris ma place, je pense qu'on était trois ou quatre dans la salle (comme souvent), et c'était parti.
Pour un de mes films d'action préférés, surpassé seulement par un "Fury Road" l'année suivante.
Première grande qualité de ce film, le scénario reste dans les clous et comprend ce qu'il veut raconter, où il va et comment il le présente aux spectateurs/trices. Pas de superflu, pas de longueurs inutiles, pas de sous-intrigues qui ne servent à rien. Tout passe par les actions du protagoniste et les réactions de ceux avec qui il interagit.
La deuxième grande qualité, c'est la création d'une mythologie autour de la figure de John Wick et l'inspiration autour du monde dans lequel il évolue. Il est connu et reconnu avant même sa première apparition à l'écran. Avant même son premier "headshot", il possède une aura, un sentiment de danger, de toute puissance.
La scène avec Viggo lorsqu'il blâme son fils pour son action irréfléchie est imprimée dans ma mémoire. Non seulement pour son rythme, son découpage, la prestation de Michael Nyqvist, les coupures entre lui et John Wick, mais parce qu'elle nous informe en quelques mots bien placés du sort qui attend ceux qui croiseront le chemin de Keanu Reeves. Avant même qu'il ait tiré sa première balle, il est déjà entouré d'une aura de suprématie, d'assassin légendaire.
Et le reste du film ne fait que le confirmer.
Loin des montages épileptiques avec "shaky-cam" qui gangrène beaucoup trop de productions américaines, les réalisateurs de John Wick tirent plutôt leur inspiration des films d'action asiatiques. Beaucoup de caméras fixes, des mouvements et des enchaînements fluides et décomposés, on profite pleinement de chaque mouvement, chaque coup, chaque prise de "gun-fu". Non content de revenir à des scènes de combats parfaitement chorégraphiées et dynamiques, "John Wick" introduit même son propre style de combat. Le mélange jiu-jitsu/judo et arme de poing fait des merveilles, tant il semble crédible, efficace, terriblement meurtrier, et la marque d'un des plus grands assassins du monde.
Si le film se distingue par la maestria de ses réalisateurs, tous deux stuntmen expérimentés, c'est Keanu Reeves qui crève l'écran dans un rôle qui définira sans aucun doute sa carrière et sa légende, et qui surpassera très probablement son aura en tant que Néo de "The Matrix".
Avec très peu de dialogues, l'acteur joue de ses forces à travers son silence et son regard d'acier, ainsi que son dévouement à son art. En réalisant un maximum de ses scènes d'action et de conduite, il laisse davantage d'espace aux réalisateurs pour des meilleurs plans et des scènes d'action plus osées et donc plus immersives.
La somme de tous ces éléments, de réalisateurs éclairés et maîtres de leur art à un univers mystérieux avec ses codes et qui ne demande qu'à être développés, en passant par un acteur né pour ce rôle et juste assez d'émotion pour nous garder investi.es dans l'histoire, "John Wick" impose un nouveau standard dans les films d'action américains.
Ma franchise d'action moderne de coeur, tout simplement.