"John Wick" file la banane. Oui, c'est Keanu Reeves, je sais. Oui, le scénario entier est à peu près aussi long que la paire de phrases que je viens d'écrire, je sais aussi. Mais bordel, que ça fait du bien de voir un film d'action qui n'essaie pas d'être autre chose qu'un film d'action. Qui n'enchaîne pas les rebondissements improbables tout droit sortis d'un "Lost, les disparus". Qui n'essaie pas de se lancer dans une psychologie approfondie de ses personnages. On sait pourquoi on regarde une telle oeuvre. De la castagne, de la légèreté, du bourre pif et du gunfight. Rien d'autre. Et sur ce point, "John Wick" s'en sort plus qu'honorablement. Je m'apprête à spoiler, mais sincèrement, on s'en fout un peu, c'est pas comme si on regardait un tel film en espérant être surpris par la tournure des évènements.
Le héros, dont vous ne devinerez jamais le nom, est un ex-tueur à gages implacable et aussi respecté qu'il est craint dans le milieu. Alors qu'il s'est retiré après avoir trouvé l'amour, il perd sa femme (notons au passage qu'on évite le cliché numéro 2612 selon lequel la compagne du héros est assassinée en début de film). Celle-ci, peu avant sa mort, a organisé la livraison d'un chiot au futur veuf. Forcément, il va s'y attacher, dernier souvenir, nouveau compagnon, toussa. Forcément, le chiot va se faire salement dézinguer. Pire, Wick se fait dérober sa Mustang rutilante. Ses instincts reprennent le dessus, il est pas content et va donc le faire savoir en génocidant l'intégralité de la mafia russe. Plutôt que de noyer son chagrin dans l'alcool, il va donc plutôt verser dans le "Caucase héros". Pour Wick plus que pour n'importe qui d'autre, le chien justifie les moyens. Rapidement, c'est l'escalade de violence et une course à l'armement, du sniper au fusil d'assaut, on s'attendrait presque à voir un lance (c)roquette...
Une fois n'est pas coutume avec Keanu, son personnage a vraiment du chien. Sorte de mix de Gosling en mode Driver et de Matt Damon façon Jason Bourne, notre courgette mutique s'érige en héros monumental et tout puissant. Un véritable héros de la mythologie grecque. Un molosse de Rhodes. Il est bien aidé en cela, par une mise en place plutôt habile et des dialogues entièrement voués à sa cause, complétant ainsi le processus de déification de l'entité "John Wick". Au final, l'acteur est convaincant. Force est de reconnaître qu'en prenant une truffe pour venger un chien, David Leitch et Chad Stahelski ont eu du flair. Le casting est d'ailleurs de très bonne facture, mentions à Dafoe et Leguizamo. Pour le reste, la recette est simple: de l’action léchée dans l'ensemble. Ajoutez à cela des gunfights bouillants et lisibles la plupart du temps. John Wick n'étant pas douillet, le tout sera donc saupoudré de bon gros judo des familles. Laissez tiédir une heure. C'est prêt.
Sans pour autant renouveler le genre, "John Wick" est donc un film d'action divertissant, rythmé, parfois drôle et toujours sincère, sans fioritures. Il va à l'essentiel, et pour peu que les attentes ne soient pas démesurées, il réussit simplement là où tant d'autres ont échoué. Comme souvent dans un exercice aussi épuré, c'est toutou rien.