Yeah, I'm thinking I'm back
Le bon petit thriller d’action (actioner outre-Atlantique), ou le film de vengeance, ne connaissent pas tellement de bons représentants ces dernières années. On a bien Liam Neeson qui mouline des bras et encastrent des têtes dans des murs depuis Taken, mais ça ne vole pas bien haut et c’est surtout hautement redondant. John Wick, c’est le petit dernier qu’on n’a pas tellement vu venir, par des réalisateurs dont c’est le premier film. Les deux sont en effet des cascadeurs aux carrières bien remplies, avec quelques sommets comme Matrix.
Retrouvant donc un Keanu Reeves ayant du mal à retrouver une crédibilité depuis la fameuse trilogie, ils s’attachent à créer un film de vengeance à l’ancienne rappelant un certain Payback, ou ce qu’aurait dû être l’adaptation de Max Payne. On retrouve certains similitudes avec l’homme qui a tout perdu (classique je l’admets), la mafia russe, la multitude de personnages secondaires marquants comme la femme fatale également tueuse, et les lieux de fusillade comme la maison, la boîte de nuit et l’église.
Comme dans le jeu d’ailleurs, l’histoire est relativement épurée et va à l’essentiel, les personnages secondaires sont charismatiques et bien définis en quelques lignes de dialogue, les enjeux sont simples et le film ne se perd jamais en sous-intrigues inutiles. La bande-annonce n’était pas mensongère à ce sujet pour une fois, le type était un ancien tueur à gages ultra-efficace, on lui tue son chien, il va tuer des russes (beaucoup). Une des choses les plus appréciables au niveau du scénario est le refus ou le contournement des clichés habituels de ce genre d’histoire, avec par exemple un méchant loin d’être diabolique et sadique, juste froid et professionnel, comme le héros. On évite les longs discours moralisateurs et les « on aurait pu faire tant de grandes choses ensemble ! », ce qui n’est pas pour me déplaire.
Ne nous mentons pas, on va tout de même voir ce genre de films pour leurs scènes d’action, et sur ce point John Wick ne déçoit pas. Il est évident que l’expérience de cascadeurs des réalisateurs a été décisive sur le tournage, chaque combat étant une vraie prouesse de chorégraphie et d’intensité, où l’accent est fortement mis sur l’efficacité, « à la Jason Bourne ». Mine de rien, cela ajoute un vrai quelque chose au film et au personnage, qui ne fait pas dans le détail mais reste pragmatique avec son attirail bien fourni et, ô miracle, un gilet pare-balle. C’est tout con mais on ne voit pas ça souvent, et ça suffit à rappeler qu’il n’est pas un surhomme malgré ses capacités.
Côté Keanu Reeves, il faut bien avouer qu’il est agréable de le voir revenir en forme comme ça et jouer de son image d’acteur inexpressif tout au long du film. Difficile de ne pas voir quelque chose de personnel dans sa réplique "People keep asking if I'm back… yeah, I'm thinking I'm back". Si ce côté bourru fonctionne à fond dans des moments comme celui-là, on sent quand même une certaine limite sur des dialogues plus banals. Rien qui ne gâche le film non plus, mais disons qu’il n’a pas l’ampleur d’un Tom Cruise qui sait transcender des rôles mineurs, par exemple.
Notons enfin une utilisation de la musique assez jouissive, entre morceaux bien dynamiques pour les scènes d’action et une utilisation judicieuse de chansons comme une inédite de Marylin Manson, collant parfaitement à l’ambiance du film. A l’arrivée on a un bon divertissement sans prétentions de révolutionner le genre, mais qui ne prend pas ses spectateurs pour des jambons, c’est toujours appréciable (Luc, si tu me lis).