Il n’y a peut-être plus que cette façon d’aborder le film de revanche: sans fioriture, sans complexe, et surtout sans soucis de crédibilité. C’est à ce prix, et ce prix seulement, que vous pourrez obtenir quelque chose de potable, légitime par la radicalité presque sincère de votre démarche. L’avantage, c’est que vous pouvez du coup vous permettre d’empiler à peu près tous les poncifs et clichés de l’histoire du cinéma de genre, sans que l’indigestion ne menace.
Toc toc. Cliché ? C’est John Wick
Quasiment aucune figure imposée ne nous est épargnée, et c’est pourtant non sans une certaine bonne humeur qu’on suit les exploits improbables du lone survivor indestructible qui bute qui il veut quand il veut et ou il veut (de ce point de vue, la visite des flics au domicile de John Wick est assez savoureuse). Une revanche sauvage qui ne connait pas de refuge : dans une boite bondée, dans la rue en plein jour, ou dans une église, tout y passe, et tous y passent.
Un mâle de chien
Avec ses 15 phrases de dialogues rageurs, Keanu s’en sort avec les horreurs, et il ne manquait plus, pour réussir son coup, qu’à lui rajouter des seconds rôles qui flattent la cornée, ce que les producteurs se sont empressés de réunir. Tout l’arrière ban d’HBO est convoqué : deux trognes de The wire (Lance Reddick et Clarke Peters), une ganache de Games of Thrones (Alfie Allen), une bouille de Deadwood (lumineux Ian McShane), une gueule de Oz (Dean Winters) et vous n’avez plus qu’à ajouter un Willem Dafoe et un Michael Nyqvist pour parfaire la crime team.
D’après la rumeur, un réalisateur et un scénariste auraient été embauchés et payés sur ce projet.
Comme quoi, les emplois fictifs ne sont pas l’apanage des équipes municipales hexagonales.